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Harry Fayt, l'eau comme muse

La fille au poisson rouge (c) Harry Fayt
La fille au poisson rouge (c) Harry Fayt

Un parcours atypique, un style reconnu à l'international. Les photos d'Harry Fayt font sensation partout. Artistes, mannequins, bébés, femmes enceintes passent devant son objectif immergé pour une séance incroyable. Rencontre avec ce maître de l'eau.

L'émotion. Un fil conducteur dans la vie et le travail d'Harry Fayt, Carolo d'origine installé à Liège et qui a fait de l’eau son studio photo de prédilection. Ses photographies subaquatiques ont été exposées à Bruxelles, ont servi dans des campagnes publicitaires internationales et trônent chez certains particuliers au goût sûr. Et si ses précédents projets ont connu un vif intérêt, ceux sur lesquels il travaille actuellement et qui feront l’objet de prochains événements, façonneront encore un peu sa renommée.
 
Harry Fayt, c’est d’abord un parcours atypique. Le jeune homme est diplômé en 1998 de l’Institut Technique Félicien Rops de Namur. A l’époque, c’est à la photo de mode qu’il se destine. « Mais des amis étaient dans la musique et je me suis laissé embarquer », s’amuse-t-il. « Jusqu’en 2003, j’ai photographié des concerts en Belgique, en Allemagne, en France, en Hollande… Mes photos étaient publiées dans quelques magazines mais je faisais des intérim pour payer les factures ». Sa volonté de photographier la mode le reprend. Il se rend à Paris, va solliciter les agences. « Un désenchantement », avoue-t-il. « Ce n’était pas tant le vêtement qui m’intéressait, mais la femme qui le portait ». Un premier signe, déjà, de cet amour pour les courbes féminines qui l’emmènera sous l’eau…
 
De retour en Belgique, pour subvenir à ses besoins, il photographie des voitures pour un site internet. « Ce n’était pas du tout artistique. Avant, arrière, intérieur, clic-clac. Et suivante… J’avais besoin d’autre chose ». Alors, il se lance dans les photographies d’accouchement et de grossesse, pour immortaliser ces moments si précieux pour les femmes. Au fil des mois, cette activité prend le pas sur son travail dans l’automobile. Il photographie aussi les bébés, parce que « ces petits êtres fragiles étaient juste les modèles parfaits pour mon style épuré, loin des standards du genre de l’époque ».
 
Mais en 2008, titillé par le rêve américain, il plaque tout et part pour ouvrir son studio à New York. « C’était superbe, mais un problème administratif m’a forcé à rentrer et à tout abandonner sur place ». Une déception de courte durée, car Harry n’est pas du genre à baisser les bras. Après quelques semaines, c’est la révélation : il lance ses séances photos subaquatiques. « J’ai voulu photographier les bébés nageurs. Certains disent que c’est la couverture de l’album de Nirvana qui m’a inspiré. D’autres la pub de l’eau Evian… ». Il enchaîne alors les séances photos sous l’eau avec des bébés, des familles, des femmes enceintes… 
 
C’est un contact avec une agence de modèles ukrainienne qui va donner une autre direction à son travail. Avec elles, Harry Fayt ose la nudité. Nous sommes en septembre 2011. Et cette série de photographies va être exposées en 2013 à Bruxelles, puis Anvers, Paris, Berlin, Londres, Monaco… Des images qui interpellent et suscitent la curiosité tant il est parfois difficile d’imaginer que le cliché a été pris sous l’eau.
 
« On trouble les frontières, pour revenir à la beauté originelle. J’adore le côté surréaliste, huileux, et le jeu de lumière qu’apporte l’eau. Pour les photos mises en scène, c’est une vraie réflexion avant le shooting. J’ajoute très peu de choses via Photoshop, mais il arrive par contre qu’il faille effacer une corde par exemple, qui retenait le mannequin dans une position précise. Les photos peuvent aussi être prises à l’envers, sans que le spectateur ne s’en rende compte ».
 

Artistes et mythologie

Depuis plusieurs mois, Harry Fayt s’est lancé un nouveau défi. Photographier les artistes représentatifs de la richesse belge. « J’aimerais avoir Virginie Efira, Benoît Poelvoorde, Arno, Stromae… ». Sa photo du DJ carolo Kid Noize donne déjà un avant-goût de cette série.
 
En parallèle, il travaille sur sa prochaine exposition : « Modern Icons ». « C’est une réinterprétation des grands thèmes de la peinture et de la mythologie », explique-t-il. « Je veux que ce soit une exposition qui sorte de la 2D. Il y aura de la sculpture, des hologrammes, de la vidéo… » Il y aura La Madone, La dame à la Licorne de Raphaël, le mythe de Pygmalion et Galatée…
 
Enfin, Harry Fayt veut relancer ses séances subaquatiques pour les futures mamans et les bébés nageurs, qu’il avait quelque peu délaissées. Il sera donc sur tous les fronts en 2017 et il compte nous emmener avec lui pour une bouffée d’art frais.
 
Laurence Piret
 
Cet article est issu de la Revue W+B n° 135.

Dernière mise à jour
27.03.2017 - 16:39
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