Actualités

Wallonie-Bruxelles à la Biennale de Riga

Eva L'Hoest -
Eva L'Hoest - "The Inmost Cell"

La 2ème édition de la Biennale internationale d'art contemporain de Riga (RIBOCA2), "and suddenly it all blooms", se tient du 20 août au 13 septembre 2020. Wallonie-Bruxelles y est représenté par deux artistes et une philosophe.

La Biennale internationale d'art contemporain de Riga (RIBOCA) est une biennale internationale à vocation européenne et à fort rayonnement régional, fondée en 2016. Prenant la riche histoire de Riga et des États baltes comme cadre sous-jacent, la biennale met en lumière le paysage artistique de la région au sens large et crée des opportunités pour les artistes d'entrer en dialogue avec le contexte culturel, historique et sociopolitique de la ville et de ses environs géographiques.
 
Elle réunit 65 participants et 9 collectifs sur 200 000 m2 dans la zone portuaire historique d'Andrejsala à Riga. 
 

Présence de Wallonie-Bruxelles

Edith Dekyndt – Visitation Zone, 2020

La pièce d'Édith Dekyndt, Visitation Zone, consiste en une série de vivariums et d'aquariums usagés donnée par le zoo de Riga dans lesquelles sont disposés des fruits, des légumes, conservés dans la tradition des conserves baltes, complétée par une performance occasionnelle où une section spécifique du sol de l'espace d'exposition est soigneusement nettoyée.
 
 
En effectuant une première visite sur place à Andrejsala, Édith Dekyndt a vu des similitudes entre ce territoire et le livre Soviet Milk de Nora Ikstena et le film Stalker d’Andrei Tarkovsky. Avant que la Biennale n'ait lieu à Andrejsala, le bâtiment était un entrepôt industriel utilisé pour stocker des céréales, du biocarburant et du coton. La présence de ces matériaux a conduit à la superposition de sédiments qui se sont aujourd'hui transformés en poussière. Plutôt que d'effacer les traces, les odeurs et la saleté de l'espace, Édith Dekyndt a choisi de les laisser en l'état. Seule une surface ovale au sol est nettoyée. Le nettoyage est un geste de la sphère domestique, typiquement un travail caché, et, ou généralement effectué avant l'ouverture d'évènements. En le mettant en valeur, le nettoyage devient un acte visible de soin envers un environnement. Le processus révèle également les différentes couches de poussière au sol dans une manoeuvre presque archéologique, un voyage progressif dans l'histoire du lieu.
 

Éva L’Hoest - The Inmost Cell, 11min, 2020

The Inmost Cell est une nouvelle oeuvre vidéo d'Éva L'Hoest qui puise son récit dans les contes de la rivière Daugava et les ruines de ses îles sous-marines, inondées lors de la création de la centrale hydroélectrique de Riga.
 
À la façon des Fata Morganas, l'apparition d'un paysage rural fusionne avec un environnement maritime. Des figures mythologiques lettones semblent émerger des entrailles d'une machine ; la pleureuse de la falaise de Staburags et la couleuvre verte de la mer Baltique habitent le village endormi du barrage dans une géographie fantasmagorique entre le réel et le fantastique. Cet espace congloméré des eaux lettones combine le lit de la rivière Daugava, le plateau côtier de la mer Baltique et des strates de roches métamorphiques, composées à partir de scans 3D et d'images reconstituées. Ici, les tilleuls fleurissent parmi les sculptures en ruine et l'ancienne église de l'île inondée de Mārtiņsala.
 
Grâce à la combinaison de divers procédés numériques, L'Hoest transforme son reportage photographique des faubourgs de Riga en architectures fluides tridimensionnelles. Ces éléments perdus de la culture lettone marquent un site de synthèse entre l'homme, la nature et les ruines artificielles. Au fur et à mesure que les personnages progressent dans ce monde liquide, son monochrome cède la place à la couleur, signe d'espoir et de résilience. Le dialogue fait écho au format des dainas, courts poèmes traditionnels décrivant les liens de l'homme avec la nature. À travers de lents mouvements contemplatifs, ses différentes réalités fusionnent à mesure que les formes arrivent les unes après les autres, et que des passages se créent entre les lieux et la mémoire.
 

Vinciane Despret

Vinciane Despret, philosophe belge, interviendra lors du programme public constitué d’une série de conférences d’intellectuels, d’écrivains, de chercheurs qui s’interrogent sur comment pouvons-nous construire des modes de vie, de production et de soins alternatifs ?
 
Vinciane Despret proposera, le 3 septembre à 19h (heure lettone), une réflexion sur la thématique du langage. S'éloigner de l'idée que la langue est un fait et aller vers la communication considérée comme une pratique. Reconnaître les dialogues non verbaux, haptiques et dépassant l'humain plutôt que les mots tels qu'ils sont donnés.
 
Pour Vinciane Despret, les comportements typiquement identifiés comme séparant les humains des animaux n'appartiennent pas vraiment aux humains. Penseuse clé dans le domaine de l'étude des animaux, Vinciane Despret puise dans les domaines de l'anthropologie, de la psychologie, de l'histoire et de la philosophie de l'éthologie, l'étude du comportement animal, pour comprendre et réimaginer la façon dont les humains et les animaux se comportent les uns par rapport aux autres.

Vinciane Despret est professeure associée de philosophie à l'Université de Liège. Elle est l'auteur de Que diraient les animaux si... on leur posait les bonnes questions ? (2012) et co-auteur avec Isabelle Stengers de l'ouvrage Les faiseuses d'histoires. Que font les femmes à la pensée ? (2011) traduit en anglais sous le titre Women Who Make a Fuss : The Unfaithful Daughters of Virginia Woolf (2014).

Dernière mise à jour
02.09.2020 - 14:04
Retour