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Espagne et Royaume-Uni | Nouveaux postes diplomatiques pour Wallonie-Bruxelles

M. Kasajima et M. Couvreur, Délégués généraux de Wallonie-Bruxelles au Royaume-Uni et en Espagne
M. Kasajima et M. Couvreur, Délégués généraux de Wallonie-Bruxelles au Royaume-Uni et en Espagne

Le réseau diplomatique de Wallonie-Bruxelles évolue. Depuis septembre, deux Délégations générales ont ouvert leurs portes : en Espagne et au Royaume-Uni.

L’occasion de rencontrer les Délégués généraux, les représentants de la Wallonie et de la Fédération Wallonie-Bruxelles à Madrid et à Londres.
 
Les Délégations générales Wallonie-Bruxelles, qui relèvent de WBI, sont chargées de la représentation diplomatique et institutionnelle de la Wallonie, de la Fédération Wallonie-Bruxelles (FWB) et de la COCOF auprès des autorités des pays où elles sont actives. Les Délégués généraux y occupent un rôle de coordination et d’animation. Le Délégué général au Royaume-Uni, Motonobu Kasajima, et le Délégué général en Espagne, Maxime Couvreur, nous livrent leurs visions de leur métier, leur rôle de représentation et leurs défis à venir.

Comment définir le rôle de Délégué général ?

Motonobu Kasajima (MK) : Comme tout diplomate accrédité auprès d’un Etat ou d’une Organisation internationale, le Délégué général représente notre Région et notre Communauté à l'étranger et promeut leurs intérêts et leurs valeurs sur la scène internationale. Les diplomates de Wallonie-Bruxelles sont nos représentants dans les négociations internationales qui permettent d’aboutir à des partenariats, des conventions et d'autres accords bilatéraux ou multilatéraux. Nous travaillons à aplanir les différends, à identifier les tensions éventuelles et à promouvoir la coopération entre les Nations. Nous contribuons aussi à promouvoir les intérêts économiques de notre Région en encourageant le commerce international, les investissements étrangers, et en facilitant les partenariats commerciaux et économiques.
 
Maxime Couvreur (MC) : Selon moi, le Délégué général est avant tout le représentant des Francophones de Belgique et un facilitateur. Nous créons des ponts entre les opérateurs de Belgique francophone et ceux de notre pays d’affectation. Pour ce faire, nous devons nous familiariser avec la culture et les écosystèmes de notre pays hôte afin d'identifier des opportunités de collaboration. Cette mission de veille est primordiale et permet d’aiguiller nos Gouvernements et notre administration dans leurs actions sur le plan international.

Qui représentez-vous ?

Les institutions de Wallonie et de la FWB, ainsi que la COCOF ? Les opérateurs, entrepreneurs, les talents ? Nos valeurs ? Tout cela à la fois ?
 
MC : Nous représentons une multitude de personnes à l’étranger. Ce qui rend notre métier passionnant. Au niveau politique, nous sommes les représentants de la Wallonie, de la FWB et la COCOF. Nous sommes également des facilitateurs pour nos talents, nos entrepreneurs et notre administration. Au travers de notre activité, nous partageons les valeurs qui sont chères à nos Gouvernements.
 
MK : Je suis mandaté par les Gouvernements pour représenter la Wallonie et la FWB au Royaume-Uni. A côté de ce mandat de représentation, et c’est ce qui fait notre particularité, je travaille aussi au quotidien avec mon équipe à promouvoir les talents belges francophones dans le paysage britannique, qu’ils soient artistiques, scientifiques, sportifs ou économiques.

Comment travaillez-vous avec les autres réseaux sectoriels ?

Les Conseillers Scientifiques et Académiques (CSA), les Chargés de Développement Culturel et Patrimonial (CDPC) et les Conseillers Economiques et Commerciaux (CEC) de l’AWEX ? Comment s’articule votre collaboration ?
 
MK : Au sein du pays dans lequel je suis accrédité, je veille à créer de la cohérence entre les actions et missions de l’ensemble des acteurs de notre présence au Royaume-Uni et promouvoir les synergies. Il n’est pas rare de constater que lorsque nos réseaux extérieurs travaillent ensemble dans les secteurs de la recherche et l’innovation, de la culture et de la créativité, de l’économique, ou encore du tourisme, la force et la résonnance de ces actions sont décuplées. Ces collaborations et regroupements permettent aussi d’optimiser les ressources et moyens mis à notre disposition par nos Gouvernements.
 
MC : Nous avons la chance de pouvoir compter sur de talentueuses équipes à l’étranger. Depuis septembre 2023, notre réseau diplomatique s’est renforcé avec la nomination de CSA. Ces diplomates sont spécialisés dans les collaborations scientifiques et contribuent au rayonnement de nos chercheurs à l’international. Ils ont également pour vocation de renforcer les partenariats académiques. Les CDPC aident nos talents à valoriser leur travail en-dehors de nos frontières. Les CEC dépendent de l’Agence Wallonne à l’exportation et aux investissements étrangers (AWEX). Ils aident les entreprises wallonnes à trouver des débouchés à l’international et attirent des investisseurs étrangers en Wallonie pour créer de l’emploi. La diplomatie économique est un élément central de la politique de développement économique de la Wallonie. Pour catalyser l’action des membres de notre réseau, nous organisons des réunions de coordination. Ces réunions permettent à chacun de présenter ses priorités et de planifier des actions communes en vue d’optimiser l’utilisation de nos ressources.

Concrètement, comment se traduit votre action sur le terrain ?

MC : En Espagne, le relationnel est à la base de notre action. Nous organisons des rencontres avec des représentants des relations internationales au sein d’universités, de centres de recherche, de ministères, de centres culturels, etc. Ces échanges nourrissent notre réflexion sur les activités à réaliser dans notre juridiction. Par exemple, en septembre 2023, nous avons organisé une mission de prospection au Portugal. Lors de cette mission, les contacts avec le musée de l’Orient nous ont permis de discuter de leur intérêt pour un artiste de la FWB. Nous avons discuté des formalités de l’exposition qui pourrait être organisée à Lisbonne et du soutien financier pouvant être octroyé. Nous avons bon espoir que cette rencontre contribue au rayonnement culturel de la FWB au Portugal. 
 
MK : Actuellement, je m’investis beaucoup dans l’ouverture administrative de ce nouveau poste diplomatique, l’installation logistique de nos bureaux ainsi que le recrutement et la formation d’une équipe locale. Ce travail est fort prégnant mais il est crucial dans la gestion des deniers publics. Parallèlement, je noue des contacts institutionnels et formels afin de développer et entretenir des relations avec les Gouvernements et les autorités locales du pays hôte. En cette période de campagne électorale britannique, j’assure également une veille importante sur les enjeux et les tendances de ces prochaines élections afin d’aider nos Gouvernements à mieux comprendre l’évolution du Royaume-Uni après le BREXIT.

Pourquoi avoir choisi de déployer une Délégation générale au Royaume-Uni et en Espagne ?

MK : La décision prise par nos Gouvernements d’ouvrir un nouveau poste diplomatique au Royaume-Uni répond à la demande de nombreux opérateurs wallons et bruxellois de mieux comprendre en temps réel les mutations en cours dans ce pays voisin avec lequel nous échangeons beaucoup. Mais aussi de renforcer la position et la notoriété de notre Région et notre Communauté dans ce grand marché qui rayonne à travers le monde. Ne perdons pas de vue que malgré le BREXIT, le Royaume-Uni reste dans les 10 premiers pays d’exportation de nos entreprises et qu’il est le troisième pays partenaire en matière de co-publication scientifique après la France et les Etats-Unis. Ces deux indicateurs suffisent à eux seuls à justifier une présence diplomatique renforcée à Londres pour faciliter la mobilité et encourager les partenariats et collaborations.
 
MC : L’Espagne regorge d’opportunités pour les talents de la FWB et de la Wallonie. Au niveau audiovisuel, nous avons beaucoup à apprendre du secteur cinématographique espagnol. Ils sont leader européen en la matière et produisent de nombreux films et séries à succès. Nous voulons saisir l’opportunité de rapprochement entre les secteurs cinématographiques du côté belge francophone et espagnol. Ces collaborations pourraient à terme mener à des coproductions valorisant nos talents. Au niveau scientifique, l’Espagne est un acteur omniprésent dans les projets européens. Nous avons pour objectif d’aider nos chercheurs à identifier des partenaires espagnols afin de soumettre des projets communs et d’obtenir plus de fonds européens. Au niveau académique, de nombreuses universités espagnoles offrent des programmes de formation innovants notamment dans le secteur des jeux vidéo et de la programmation. Leur expertise devrait aider nos universités à développer des programmes dans ces matières et permettre à nos étudiants de bénéficier de l’expertise espagnole dans le secteur des industries créatives.   

Quels sont les grands défis qui vous attendent à Londres et à Madrid ?

MC : Les premiers défis sont avant tout d’ordre logistique ! L’ouverture d’une Délégation générale est synonyme de casse-tête administratif. Nous devons emménager dans de nouveaux bureaux, les équiper pour qu’ils soient propices à l’exercice de nos fonctions, recruter une équipe locale, la former et obtenir notre accréditation. En parallèle, nous devons nous faire connaitre en vue d’exister ! Nos partenaires académiques, scientifiques, culturels et économiques sont rarement familiers avec notre sophistication institutionnelle. Il est important de leur expliquer le mode de fonctionnement de notre pays et nos priorités pour ensuite entrevoir des collaborations.
 
MK : Le Royaume-Uni est une grande nation au passé glorieux qui a participé à la libération de notre pays lors des 2 guerres mondiales. C’est aussi un pays avec lequel nous partageons de nombreuses valeurs ainsi qu’un passé industriel très fortement lié. Si la révolution industrielle est née au Royaume-Uni, c’est par la Belgique et singulièrement la Wallonie qu’elle s’est répandue sur le continent. Ce goût de l’innovation que nous partageons toujours doit être le ciment d’un nouveau partenariat orienté vers l’avenir.

Sur le plan personnel, qu’est-ce qui vous a poussé à choisir une carrière diplomatique ?

MK : Le métier de diplomate peut parfois sembler ingrat du fait des contraintes des nombreux déménagements et les sacrifices que consentent tous les membres de la famille. Mais il est aussi une formidable opportunité de défendre et promouvoir notre Région et notre Communauté à l’étranger. C’est souvent à l’extérieur de notre territoire aussi que l’on trouve des occasions de se développer, de s’enrichir de rencontres, de se dépasser.
 
MC : Depuis mon enfance, je suis passionné par le voyage et la découverte de nouvelles cultures. La carrière diplomatique me donne l’occasion de vivre ma curiosité à travers mon métier. Je me sens extrêmement privilégié de pouvoir exercer un métier passionnant au quotidien. Chaque mission de 4 ans est avant tout une aventure humaine enrichissante ! J’ai également opté pour cette carrière pour réaliser un travail qui a du sens. Notre action aide de nombreux francophones de Belgique à se faire connaitre à l’international. Je trouve gratifiant de pouvoir sentir l’impact positif que nous avons sur la vie et la carrière des personnes que nous aidons.C’est donc un métier passionnant et très prenant…

Comment concilier vie privée et vie professionnelle ?

MK : Le métier de diplomate empiète très souvent sur la vie privée, particulièrement lorsqu’on est chef de poste. Ces dernières années sur le terrain, les jours fériés, les week-ends ou les vacances ont bien souvent été sacrifiés ou à tout le moins bousculés parce qu’une urgence politique ou la présence d’opérateurs nécessitaient une mobilisation. Nos espaces de vie privée sont aussi sollicités parce que bien souvent nos résidences doivent pouvoir accueillir des réceptions, des visites, des dîners dont nos conjoints et nos enfants ne sont pas toujours friands. On essaye au maximum de préserver des moments d’intimité pour conserver un équilibre de vie de couple et de famille, c’est un élément fondamental dans la vie d’un expatrié.
 
MC : Concilier vies professionnelle et privée est l’un des défis majeurs auquel nous devons faire face. Nous sommes souvent amenés à participer à des événements en soirée et le week-end et notre charge de travail est conséquente. Pour moi, les mots d’ordre sont rigueur et structure. La tenue d’un agenda avec des plages horaires bloquées à l’avance me permet de prendre une bouffée d’oxygène et de consacrer du temps à mes dossiers pendant les heures de bureau. J’essaye également de me nouer d’amitié avec nos partenaires principaux afin de transformer certaines obligations professionnelles en événements de détente.

Dernière mise à jour
13.02.2024 - 13:34
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