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Les magnifiques et captivantes avancées francophones sur MARS

Cheyenne, Sirga et Cyril en route pour le canyon Tharsis © M.A.R.S UCLouvain
Cheyenne, Sirga et Cyril en route pour le canyon Tharsis © M.A.R.S UCLouvain

Ils sont partis 15 jours sur MARS. Huit chercheurs francophones innovent pour faciliter de futurs voyages.

L’équipage de l’association M.A.R.S UCLouvain a pris la direction du désert de l’Utah, aux États-Unis, du 27 mars au 9 avril dernier. Là, les conditions de la planète rouge sont parfaitement recréées dans les infrastructures de la Mars Desert Research Station (MDRS). Le lieu est isolé. Les reliefs ont permis à cet équipage de simuler une mission habitée et d’expérimenter des projets dans les domaines de la santé, l’agriculture, l’IA, la télécommunication...
 
À la tête de cette équipe, Cyril Wain, le commandant de cette mission, n’a pas manqué une seconde de cette magnifique expérience : « C’était passionnant. Cette simulation permet de mieux percevoir l’isolement, le paysage et la constitution du sol. L’objectif de la simulation est vraiment de voir comment réagit une équipe dans un tel endroit isolé. Les interactions, les besoins... Nous ne mangions que de l’alimentation lyophilisée. Nous devions faire attention à notre consommation en eau et nous ne nous lavions pas tous les jours. L’eau est un élément essentiel pour boire évidemment, mais aussi pour notre nourriture lyophilisée. Nous devions aussi être très attentifs à notre consommation énergétique »

Un rêve

Avant d’aborder les éléments structurants de cette mission, le commandant nous rappelle que pour lui, il s’agit d’un rêve: « Depuis que je suis petit, je regarde les étoiles. Je voulais connaître les limites de l’espace. Je me suis donc de plus en plus intéressé à l’espace. Quand j’ai commencé mes études d’ingénieur civil, je voulais travailler dans le domaine spatial ou dans celui de la robotique. En premier bachelier, j’ai entendu parler de ce projet. J’ai postulé après quelques années et j’ai eu la chance d’être sélectionné ».

Au travail dès le premier jour

Sur le terrain, le travail n’a pas manqué : « Quand on arrive le premier jour, on sent déjà que l’on est dans un environnement un peu spécial. Toutefois, c’est vraiment lorsqu’on sort la première fois hors de la station, et que l’on est équipé de nos combinaisons, que l’on peut vraiment se croire sur Mars. On est isolé, sans contact avec personne et sans internet ».
 
À ses côtés, les huit membres de l’équipe ont développé leurs propres expériences. Ils devaient aussi gérer les imprévus, les différents aspects du voyage (durée, retour impossible à court terme sur terre, manque de certains matériaux, gestion des eaux usées et du dôme...).
 
« Nous avons eu la chance de vivre des expériences très différentes avec l’équipe comme celle de Michael Saint-Guillain, qui a développé une intelligence artificielle qui nous permettait d’améliorer notre gestion du temps. En effet, les astronautes doivent suivre un agenda à la minute près, mais lorsqu’il y a un imprévu, tout l’agenda doit être adapté dans la plus grande précision. L’IA doit nous permettre de faire face à l’imprévu. Son projet devait nous permettre de réadapter notre agenda au mieux et de recalculer tout le planning pour réaliser toutes les expériences nécessaires ».

Un soutien indispensable

Cette mission est une chance unique pour les étudiants de l’UCLouvain qui peuvent compter sur le soutien indispensable et précieux de différents acteurs privés et institutionnels, comme le service Recherche et Innovation de Wallonie Bruxelles International (WBI), la Sabca, AerospaceLab, le Centre d’étude nucléaire de Mol (SCKCEN), pour accomplir les différents projets.

Améliorer le quotidien

Ces expériences vont notamment permettre aux futurs voyageurs sur MARS d’avoir un meilleur sommeil: « Un sommeil correct et régulier est essentiel pour le pouvoir de récupération de l’équipage. Dans une mission de longue durée, la récupération est cruciale pour la préservation des réflexes et des fonctions cognitives des membres de l’équipage. Une expérience d’hypnose a donc été menée. Julien Meert étudiait nos signaux cérébraux, nos battements, la qualité et la récupération de notre sommeil. Il a aussi réalisé des séances d’hypnose avant le sommeil », explique le commandant.
 
Une autre expérience ciblait la prévention des fractures des astronautes avec aux commandes le Dr Julie Manon (FNRS Aspirante, MACCS in Orthopaedic and Trauma Surgery) des Cliniques universitaires Saint-Luc. «Ma volonté était de mettre au point un dispositif pour traiter les fractures sur place, sans savoir si dans les futures missions, il y aurait ou non un chirurgien. Notre projet est d’aboutir à la création d’un kit de soins pour intervenir sur une fracture. Nous devons y penser parce que les astronautes en apesanteur sont confrontés à une importante perte osseuse qui fragilise les os. Ils ont donc des risques plus grands d’avoir des fractures lorsqu’ils vont arriver sur MARS », précise le Dr Manon.
 
Tous ces projets vont également faire l’objet d’une communication vers le grand public pour poursuivre cette sensibilisation indispensable aux expériences des astronautes, en vue d’un premier voyage sur MARS. «L’objectif de l’asbl est scientifique et éducatif. Cela nous tient fort à coeur de partager notre expérience», conclut Cyril Wain, le commandant de cette mission.

Différentes expériences menées

 - Nutrition : Une évaluation des changements métaboliques dus à des modifications de l’activité physique et de la nutrition. La colonisation de Mars est un défi technologique, mais aussi un défi physique pour les futurs marstronautes. L’objectif de cette expérience est de développer un protocole pour le suivi des paramètres essentiels de la santé et du métabolisme des membres de l’équipage.
- Insectes : Les différentes conditions de vie dans l’élevage d’insectes afin de les intégrer dans le régime alimentaire des astronautes. Il s’agit d’une expérience qui contribue à améliorer les qualités nutritionnelles d’un futur équipage d’astronautes par une solution alimentaire alternative avec un bon rendement, pour un minimum d’espace et d’énergie utilisés.
- Plantes : Une étude sur l’effet des biofertilisants sur le taux de germination des plantes comestibles d’intérêt dans un substrat de sol martien. Cette expérience permet d’aider à trouver une solution à la grande question de l’approvisionnement en nourriture d’un équipage qui vivrait en autarcie complète.
- La spiruline comme solution alimentaire : Un astronaute mange un kilo de nourriture, respire un kilo d’oxygène et boit trois litres d’eau. Les astronautes produisent également des déchets, principalement de l’eau. Lors d’une mission spatiale de longue durée, il est impossible d’emporter autant de nourriture et d’eau pour des raisons de coût et de logistique. Le projet MELiSSA (Micro-Ecological Life Support System Alternative) se concentre sur ces différents aspects. - Cartographie et surveillance par drone : Le projet consiste à utiliser un drone dans le domaine de la géomatique. L’établissement d’une cartographie détaillée et interactive de l’environnement proche de la station est un objectif pertinent pour des missions efficaces et sécurisées.
 - La construction d’un système hydroponique vertical : Un approvisionnement régulier en nourriture pour les astronautes est l’une des exigences les plus fondamentales pour toute mission spatiale autonome de longue durée, telle qu’une expédition vers Mars. L’expérience se penche sur la possibilité de fabriquer cette nourriture presque exclusivement fournie par des plantes cultivées en hydroponie dans des serres très serrées, avec une exposition très élevée à différents facteurs de risque.
 
Article de Vincent Liévin pour le numéro 156 de la revue W+B à retrouver ici.
 

Dernière mise à jour
11.08.2022 - 14:35
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