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Kyoto-Bruxelles : les arts comme passerelle d’apprentissage entre deux cultures

"Nous partageons le même ciel. Notre culture en définit la forme. Regardez sa lumière." Légende du travail commun de Masaki Kuniyoshi (KSU) et Amandine Kervyn (ENSAV) dans le cadre de l’exposition finale de la semaine atypique de La Cambre.

Le 14 mars dernier, l’Université Seika de Kyoto (KSU) et l’Ecole Nationale des Arts Visuels de La Cambre (ENSAV) ont signé un Mémorum d’entente favorisant les échanges entre leurs étudiants et leurs professeurs.

Au Japon, dont on connaît le respect particulier porté à la notion d’apprentissage, cette mobilité des étudiants et du corps professoral n’est pourtant pas évidente.
C’est un travail de veille rigoureux qui a permis de révéler l’intérêt de certains établissements d’enseignements supérieurs japonais pour leurs pairs belges francophones.
 

Les bourses ASEM-Duo

Dans le paysage universitaire japonais, l’ouverture particulière aux échanges interuniversitaires de la KSU sous la présidence de M. Oussouby Sacko, a favorisé la rencontre des intérêts communs des deux établissements.
 
La présence au sein même de l’Université Seika à Kyoto, de Céline Mariage, Agente de Liaison Académique et Cuturelle (ALAC) pour WBI, a permis de faire aboutir le souhait déjà ancien, de l’ENSAV-La Cambre de se rapprocher de l’enseignement artistique japonais.
 
Les deux établissements ont ainsi fait appel dans un premier temps à la bourse de mobilité ASEM-DUO qui offre la possibilité à des professeurs ou chercheurs d’effectuer un échange par paire entre l’Asie et la Fédération Wallonie-Bruxelles.
 
Appuyée par la persévérance d’Aline Baudet, professeure en charge des relations internationales de La Cambre, l’expertise de terrain de Céline Mariage, saisissant les intérêts propres aux deux écoles et orientant vers des programmes de bourses adéquats, et enfin la motivation de la KSU, via le professeur Hiroshi Ashida vice-président et alumni de l’ULB et le représentant des relations internationales Manabu Kitawaki, cette demande a abouti à un premier échange dès ce mois de février avec la venue pour trois semaines de Kinué Fukuoka, professeur de mode.
 
Motivation, persévérance et bienveillance auront permis d’atteindre le point vélique nécessaire à la signature de ce Memorandum of Understanding (MoU), le 14 mars à Bruxelles, augurant d’échanges fructueux entre les deux établissements.
 
Grâce à la venue du représentant des relations internationales de la KSU, Monsieur Kitawaki, d'autres établissements de FWB ont été approchés avec lesquelles l'université japonaise est en passe de signer un accord.
 
Ainsi, l'Académie Royale des Beaux-Arts de Bruxelles (ARBA) réalisera un échange dans son secteur Design-Textile et l'Université de Liège travaille à une collaboration avec la faculté de culture générale.
4 bourses ASEM-Duo entre des établissements d'enseignement supérieur ou acteur culturel japonais et de Fédération Wallonie-Bruxelles ont été mises en place depuis l'arrivée de l'ALAC au Japon.

La rencontre

Le 13 mars dernier, à l’heure où les frontières s’ouvraient à peine, 7 étudiantes de l'Université Seika de Kyoto sont arrivées à Bruxelles pour participer à une semaine de workshops d’illustrations et de scénographie lors de « la semaine atypique » organisée chaque année par La Cambre.
 

Afin de faciliter leur intégration et accélérer les coopérations, chaque étudiante a rencontré son « binôme » belge avec lequel travailler les futurs projets exposés en fin de semaine.
Pour vivre une immersion complète et pour réduire les coûts de ce voyage, elles étaient par ailleurs hébergées chez des étudiants de La Cambre.
 
La rencontre certes souriante et immédiate fut pour autant un choc pour un certain nombre de participants des deux pays.
Comment se parler, se découvrir dans un temps si court avec des langues si distantes et surtout comment travailler et produire ensemble quand au premier abord on ne perçoit que les différences ?
 
Le programme de visites et workshops, étoffé et audacieux concocté par les professeurs et encadrants de cette semaine atypique aurait effrayé plus d’un.
Mais cette hyper sollicitation a au contraire éveillé les énergies, permis d’aller à l’essentiel et de développer des axes créatifs jouant sur les points communs et les différences ressenties par les étudiants entre leurs cultures.
 
Des traits ou des pointillés pour dessiner la pluie  à Kyoto ou à Bruxelles par Miho Takamatsu et William Denis

Devant la difficulté à communiquer, chacun a cherché dans ses ressources, s’est débarrassé des aspérités et a relevé le défi d’une expression à la fois commune, rigoureuse et personnelle.
 
Les mots comme des murs ou comme une invitation au mélange par Kyoka Inamura et Clara Lehon

Les incongruités, telle la flânerie, cet art de se balader sans but ni raison qu'on goûte partigulièrement à Bruxelles et les gourmandises, comme les mythiques frites belges, ont séduit. Les sols typiques aux pavés communs ont rappelé les allées sacrées des temples japonais. Les larges ciels de Bruxelles, ouverts malgré la grisaille, ont offert des perspectives inédites aux kyotoïtes.
 
Chemin printanier. Même route même paysage par Kaho Hayashi et Maïlys Ravussin

Accompagnés par les conseils et les encouragements de Catherine Warmoes, professeur de dessin, Aline Baudet professeur en communication visuelle et graphique et Kinué  Fukuoka professeur de mode, les étudiants ont relevé le défi de réaliser en moins de quatre jours une exposition de leurs travaux communs.
 

ShuHaRi

Lors de cette semaine dense, élèves comme professeurs ont avancé sur la route de leur apprentissage. En imitant, confrontant, s'écartant, chacun a dû ouvrir sa créativité à l'autre. 
S'il est difficile pour certains de savoir encore quels impacts concrets aura ce séjour sur leur parcour, la plupart des étudiantes japonaises ont l'intuition que cette expérience changera quelque chose dans leur production. D'autres savent déjà qu"elles souhaitent revenir et étudier ici. 

Dernière mise à jour
21.05.2023 - 12:01
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