Programme de cours de français à destination des diplomates et des dirigeants de l'UE
L’usage de la langue française dans les institutions européennes s’érode au fil de temps au profit de l’anglais et encore plus ces 20 dernières années avec l’élargissement aux pays d’Europe de l’Est. Le multilinguisme est pourtant gravé dans le traité sur l’Union européenne. L’article 3 dispose que l’Union « respecte la richesse de sa diversité culturelle et linguistique ». La devise de l’Union européenne est “Unie dans la diversité”. Le français est toujours la deuxième langue la plus pratiquée au sein des pays membres de l’Union européenne. Elle est également la deuxième langue la plus apprise dans le monde, après l’anglais.
Le rapport Lequesne, réalisé en amont de la Présidence française de l’Union européenne en 2022 dresse un état des lieux précis de la situation. Chiffres 2018 -2019 : au Conseil de l’Union européenne, 2 % des documents source sont rédigés en français, 3,7 % à la Commission européenne et 11,7 % au Parlement européen. Le constat de non-multilinguisme est sans équivoque.
Le gouvernement de la Fédération Wallonie-Bruxelles (FWB) souhaite remédier à cette situation en accordant la priorité à la défense du multilinguisme en amont et pendant la Présidence belge du Conseil de l’Union européenne, au premier trimestre 2024.
La FWB a donc décidé de mettre en place un programme conjoint de cours de français avec la France à destination des diplomates, des dirigeantes et des dirigeants des institutions européennes dans la continuité de ce que la France a déjà initié dans le cadre de sa Présidence. Plus 1000 personnes ont été formées en 2021 et 2022.
Le programme, soutenu par l’Alliance française, comprend des cours collectifs et individuels adaptés aux besoins spécifiques des apprenantes et apprenants.
Ce programme conjoint doit contribuer à valoriser l’utilisation du français en tant que langue de travail. Il permet également de renforcer la coopération entre la Belgique, la France et les Etats membres de l’UE, membres de la francophonie, tout en renforçant l’Union Européenne dans sa diversité et le multilinguisme.
Trois questions à Máire Killoran, Directrice générale adjointe au Conseil de l’Union européenne et participante au programme
Pourquoi faites-vous cette formation ?
Le multilinguisme est bien présent au sein des institutions européennes, et étant responsable du service de traduction du Conseil européen, il me semble important de perfectionner mes compétences linguistiques autant que faire se peut.
Quelles sont vos attentes ?
Mon objectif aujourd’hui, après plusieurs d’années d’apprentissage, est de pouvoir m’exprimer de façon plus raffinée et d’avoir une meilleure maîtrise des nuances et des registres de langues. Je voudrais être capable de comprendre des textes professionnels plus complexes tels que des documents juridiques. Du point de vue de l’écrit, je souhaiterais pouvoir rédiger des communications formelles et officielles pour l’ensemble du personnel du service de traduction, sans appréhension.
Est-ce un besoin professionnel ou personnel ?
C’est un besoin professionnel en premier lieu. Et évidemment, habitant à Bruxelles, j’utilise le français aussi dans ma vie quotidienne.
Le Conseil européen demande que le personnel maîtrise bien le français et l’anglais. Par conséquent, j’utilise le français d’une manière systématique dans mes fonctions. En tant qu’anglophone et travaillant dans un environnement multilingue au sein des institutions européennes, il est important de ne pas me limiter à une seule lingua franca. En outre, pour moi, il est naturel de faire l’effort, comme les autres collègues, d’apprendre l’une des langues officielles du pays au lieu de se reposer sur ses lauriers !