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Le Daft, un lieu inspirant et stimulant au cœur de l'Ardenne

25/02/2025
Au milieu des bois, dans un cadre inspirant, telle est la marque de fabrique de Daft © Daft

Grâce à la créativité et au dynamisme de ses dirigeants, Stijn Verdonckt et Tine Blondeel, l’ancien studio d’enregistrement La Chapelle à Malmedy est devenu le Daft, à la fois studio d’enregistrement reconnu internationalement et boutique hôtel branché attirant tout au long de l’année tant les professionnels de la musique que les touristes de passage ou les entreprises à la recherche de dépaysement. Au milieu des bois, dans une atmosphère festive et inspirante, ce joyeux mélange hétéroclite est sa marque de fabrique et en a fait une véritable success story.

C’est l’histoire de deux fous de musique, aussi créatifs et passionnés l’un que l’autre. Venus de Flandre, Stijn Verdonckt, ingénieur agronome de formation, et son épouse Tine Blondeel, à la base psychologue d’entreprise, sont à la tête du Daft. En 2005, dès la fin de ses études, Stijn intègre le studio d’enregistrement La Chapelle à Waimes, d’abord comme assistant, ensuite comme ingénieur du son. Depuis 1979, le studio La Chapelle s’est imposé comme une référence pour les artistes du monde entier. Alors jeunes mariés, Stijn et Tine, amoureux de nature et de musique, s’installent à Malmedy. L’aventure commence. Milieu des années 2000, La Chapelle vit des jours difficiles. En 2008, Stijn rachète le fonds de commerce, les équipements, les instruments et, seul à bord, en reprend la gestion. Après sept ans d’exploitation et de réflexion, le couple estime qu’il vaudrait mieux construire un bâtiment neuf davantage adapté aux demandes actuelles, avec du logement sur place, une offre hôtelière de qualité, un cadre stimulant et des petits plus à offrir aux artistes et aux producteurs. « Au départ, c’était juste une grande prairie marécageuse à Malmedy qu’on a découverte en se baladant », se souvient Tine. « On est vraiment parti de zéro en 2015 ». Dès l’obtention de l’autorisation de construire, puis d’agrandissement et de développement de différentes activités, le couple trouve des investisseurs et des banques pour supporter le projet. « C’est ainsi que nous avons pu poursuivre la réputation de La Chapelle dans les années 80 et construire notre propre projet dessus ». Le Daft Studio et le Daft Hôtel ouvrent en 2016. « Daft » signifie « un peu fou, déjanté » en anglais. « Certains nous ont dit que c’était une idée folle de construire de si grands studios. Nous avons voulu leur prouver que notre projet avait tout son sens ». Pari réussi ! L’ensemble dispose d’une piscine, d’un sauna, d’un charmant jardin et d’un logement penthouse au-dessus du studio qui permettent d’accueillir jusqu’à huit artistes. « S’ils ont besoin de plus de chambres, ils peuvent aller à l’hôtel à côté ».

L'un des plus beaux studios d'enregistrement d'Europe

Chaque jour, le couple tient à être là pour accueillir ses hôtes et Stijn écume les showcases des festivals pour faire connaître le studio. Le Daft est aussi très présent en ligne, et le bouche à oreille fonctionne également à merveille dans le milieu de la musique. « Nous proposons l’un des plus beaux et des plus grands studios d’enregistrement d’Europe. Nous sommes équipés avec des instruments très rares, très vintages. Les artistes viennent de loin pour retrouver ce son spécifique créé par tel ou tel instrument. Ce souci du détail très poussé est très recherché. Pour nous, c’est indispensable d’offrir un équipement de très haut niveau. C’est l’une des choses que les artistes apprécient chez nous, entre autres ».

Hip-hop dans les bois

Proposer un studio résidentiel aux artistes est un atout essentiel du Daft. « Enregistrer, ce n’est pas seulement s’installer dans une pièce avec le bon matériel. C’est tout un art d’accueillir les artistes pour qu’ils se sentent à l’aise, à 200 % comme chez soi. Parce qu’ils doivent s’ouvrir complètement pour pouvoir jouer la prise de leur vie lors de l’enregistrement. Et c’est possible grâce à l’ambiance que nous créons. Et le personnel est vraiment aux petits soins pour eux, tout en étant dans un cadre décontracté ». En quelques années, le Daft s’est taillé une solide réputation auprès d’artistes de renom : Lous and the Yakuza, Topic, Azurora, Mickey Rowe, le producteur d’Oasis, ou PNL qui a enflammé le studio en rentrant des Ardentes… « Les artistes de hip-hop sont particulièrement assidus ». 

Studio et hôtel sont construits l’un à côté de l’autre. « Pour le studio, dans un premier temps, on a souvent eu besoin de chambres supplémentaires. Pour l’enregistrement de musiques de films symphoniques, par exemple, on reçoit une quarantaine de personnes. De grandes productions ont besoin de beaucoup d’espaces. C’est ainsi que nous avons eu l’idée de construire l’hôtel à côté du studio. Mais bien sûr, ce n’est pas tous les jours que nous avons de grands groupes avec le besoin de chambres supplémentaires. Nous recevons aussi des touristes, des personnes qui travaillent sur le circuit de Spa-Francorchamps, les écuries pendant les courses... ». Le résultat est là : le taux d’occupation de l’hôtel, doté de quatorze chambres auxquelles s’ajoutent les tentes de glamping, est de 80 % sur l’ensemble de l’année et pendant les vacances scolaires, souvent de 100 %. En 2023, le chiffre d’affaires était de 1,7 millions d’euros. Le Daft emploie douze personnes fixes et de nombreux intérimaires en fonction des projets.

Séminaires d'entreprises en musique

Des entreprises aussi sont tombées sous le charme du lieu pour l’organisation de leurs séminaires. « Nous disposons de salles de réunions. Notre chef sait chouchouter nos hôtes, que ce soit avec un repas décontracté, des pizzas autour du feu, un barbecue dans le jardin ou avec l’élaboration de menus plus raffinés présentés par un artiste ». Là aussi, lors de séminaires, la musique est présente. « Une entreprise est venue récemment avec trente collaborateurs installés dans l’hôtel et les tentes de glamping. Ils ont investi le studio pour créer leur propre chanson d’entreprise et l’ont enregistrée ! Ce soir-là, le chef a réalisé un chouette barbecue, suivi d’une fête ». Des comités de direction se rendent également au Daft. « Nos infrastructures ont la taille idéale pour pouvoir privatiser les lieux. Etre le seul client est très apprécié par les entreprises aujourd’hui. Comités de direction ou équipes de marketing ou de vente peuvent ainsi discuter en toute discrétion ». Venir dans ce lieu inspirant permet aux managers de sortir de leurs bureaux et de réfléchir au calme sur les actions à entreprendre. Une synergie peut naître entre hôtel et studio. « Une entreprise peut loger, organiser des réunions, se sustenter au restaurant pendant que, dans le penthouse, des artistes sont en train d’enregistrer. Une grosse entreprise a absolument voulu tenir une réunion dans le studio pour disposer d’un cadre inspirant pour trouver de nouvelles idées ». Et elles sont nombreuses, banques, agences de consultance, groupes pharmaceutiques, agences créatives, à avoir déjà bénéficié des atouts de ce lieu insolite. Un cadre inspirant qui colle bien à la créativité.

Créativité et innovation

Dans sa palette d’activités, le Daft compte encore un autre axe de développement, son agence créative. « Nous mettons en place des campagnes de communication où, pour les marques, nous allons chercher des collaborations avec des artistes. Par exemple, l’été dernier, nous avons travaillé avec Deloitte dans le cadre des Jeux Olympiques. Nous avons conçu l’idée et la technologie d’une application avec laquelle une chanson de Daan s’adapte en fonction des battements de cœur des athlètes. Comme nous sommes dans la musique, nous avons l’avantage, par rapport à d’autres agences de communication, d’être en contact direct avec les artistes. Souvent, on les connaît déjà, on est partenaires, on travaille ensemble, cela nous permet de les approcher différemment ». 

Les projets les plus divers ne manquent pas. En mai dernier, le Daft a travaillé sur une production avec Tomorrowland. En janvier, l’hôtel va accueillir un « writer camp » d’une vingtaine de producteurs américains de haut niveau. Pour répondre à la demande, quatre hectares supplémentaires de terrain ont été acquis. « Cela va nous permettre d’agrandir l’hôtel, mais pas trop. L’hôtel doit rester à taille humaine. Nous sommes en train d’étudier les possibilités et les investissements. Pour nous, c’est important d’être bien intégrés dans l’environnement et de ne pas déranger le voisinage ». L’occasion d’aménager des espaces insolites comme des « pods » immergés en pleine nature dédiés à des artistes qui souhaitent une déconnexion totale. Le dynamisme et la créativité débordante de ce couple sympathique, sans oublier la recherche incessante d’innovation, sont au cœur de la réussite du Daft.

Par Jacqueline Remits

Cet article est issu de la Revue W+B n°166.