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L'Incroyable saga des Wallons de Suède

24/10/2023
La dernière forge wallonne intacte à Österbybruk © J. Van Belle – WBI

Au 17e siècle, la Suède fait appel à des étrangers pour sortir du marasme industriel dans lequel elle se trouve. Et ces hommes ne sont ni des Français, ni des Anglais. Non. Ceux qui débarquent sur cette terre scandinave viennent d’une petite région  qui n’appartient pas encore à la Belgique : la Wallonie. Pourquoi elle ? Parce qu’il y a là un savoir-faire métallurgique qui n’existe alors nulle part ailleurs. Cela vaut bien qu’on lui consacre tout un dossier. 

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Le contexte

Pour comprendre comment les Wallons se sont retrouvés en Suède, un retour en arrière s’impose... Pas de noir et blanc ici, la photographie n’existe pas encore. Au 17e siècle, les scènes de vie sont pour beaucoup représentées en peinture. Et le  tableau ici est sombre. L’Europe connaît plusieurs guerres qui vont profondément changer sa structure économique : certains pays plongent dans la misère alors que d’autres s’enrichissent… C’est le cas de la Wallonie qui est longtemps l’armurière  numéro un du continent et dont les marchandises transitent par Amsterdam, plaque tournante du commerce européen. Rien d’étonnant dès lors à ce que le roi de Suède s’y intéresse lorsqu’il doit conclure la paix avec le Danemark en 1613. Là, à  Amsterdam, il peut emprunter et proposer les mines de fer de son pays comme garantie quand bien même ces dernières ne sont pas encore exploitées de manière optimale. Une situation qui donne des idées à une poignée d’hommes wallons bien  inspirés puisqu’ils vont non seulement faire fortune mais aussi changer durablement la vie suédoise.

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L'épopée étonnante d'un Wallon en Suède

On pourrait croire à une blague belge… Mais ce que les Wallons ont fait dans ce pays scandinave il y a quatre siècles est à prendre au sérieux. Ce n’est pas une anecdote dans l’Histoire suédoise, c’est un chapitre au retentissement immense. Car il y a clairement un avant et un après le débarquement des Wallons en Suède. Parmi eux, un certain Louis de Geer. Né dans la Cité ardente en 1587, cet homme d’affaires part s’installer à Amsterdam où il entre en relation avec les de Besche, deux frères qui exploitent déjà les forges suédoises de Nyköping et Finspang. Un premier contact qui va en amener bien d’autres. Car très vite, Louis de Geer comprend qu’il y a là-bas des affaires intéressantes à faire. Il parvient à s’imposer comme le caissier du roi Gustave-Adolphe à Amsterdam, puis devient grâce à son rythme de production stupéfiant le principal fournisseur en équipements militaires et en pièces d’artillerie de l’armée suédoise. Double casquette donc avant un changement de vie radical provoqué par la guerre de Trente ans, de 1618 à 1648. Une aubaine pour lui ! Il rejoint en effet les de Besche en Suède pour y créer un arsenal militaire. Mais il ne part pas seul. Avec lui, il emmène des ouvriers wallons spécialisés en haut fourneau, affineries et fenderies afin de transférer là les techniques liégeoises et hennuyères en matière de métallurgie. Succès énorme, et pour cause : les Wallons, à cette époque, sont en effet les seuls à avoir réussi à construire un haut fourneau ultra grand et résistant. Ils utilisent aussi un nouveau type de meule dans lequel le positionnement des bûches permet d’obtenir un charbon de bois qui donne un fer de meilleure qualité. Autant d’atouts qui rendent Louis de Geer influent. Et pas qu’à Stockholm… La ville de Norrköping devient en effet son quartier général, et donc aussi le centre de l’immigration et des industries. L’homme est gourmand. Il achète beaucoup de terres et se fait naturaliser Suédois en 1627 pour liquider ses créances sur l’Etat. Treize ans plus tard, il est admis dans les rangs de la noblesse. Ascension fulgurante que personne n’a réussi à dépasser. L’homme est plus riche qu’aucun autre Suédois ne l’a jamais été. Et ce n’est pas pour rien qu’on l’appelle encore le père de l’industrie suédoise. Louis de Geer s’éteindra à Amsterdam en 1652 à l’âge de soixante-cinq ans.

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Portrait-robot des travailleurs wallons

Beaucoup, malgré leur habileté dans le métier, étaient au chômage en Wallonie. Alors, pour échapper à une situation critique, l’exil s’est vite imposé comme la solution. Et qui dit exil « en masse », dit organisation. Des bureaux de recrutement sont créés pour permettre aux engagés (souvent analphabètes) de signer les contrats devant notaire. Durée de ceux-ci : un à deux ans. Avantages prévus : un voyage aller-retour gratuit pour lui, et si sa famille l’accompagne, la même chose pour elle. Contrainte : rester dans la forge-communauté assignée. Une fois le tout accepté, direction Norrköping, puis Finnspang et les forges de l’Uppland. Là, les familles reçoivent soit un lopin de terre pour construire une maison, soit un logement faisant partie d’un bâtiment communautaire. On pratique l’entre soi. Les contacts avec les Suédois sont rares. C’est qu’il faut à tout prix protéger les secrets professionnels. Alors on continue de parler le wallon à des milliers de kilomètres de la Wallonie. Et ce, pendant des générations. Ce n’est que bien plus tard, quand les fonderies et forges s’ouvriront progressivement aux Suédois, que ces derniers reprendront ces expressions venues de loin. Situation digne d’un film qu’on aimerait voir en noir et blanc ou en couleurs ! Heureusement que l’absence d’images n’empêche pas l’imagination. Grâce aux archives, on peut approcher au plus près ces ancêtres… Découvrir leurs dettes, leurs habitudes et pourquoi pas leurs rêves aussi… Le but ultime pour les garçons : devenir maître-forgeron. C’est la classe, ça. On gagne un salaire attractif. On est le roi des ouvriers. Il faut dire que dans cette vie en communauté autour de la forge, on voit passer beaucoup de métiers : des charbonniers et des forgerons bien évidemment mais aussi beaucoup d’artisans, des maçons, des menuisiers, des cordonniers ou encore des meuniers. Et puis, il a aussi des scribes, des comptables, des jardiniers, des valets. Car le maître de la forge a besoin de monde pour entretenir et gérer le manoir dans lequel il vit avec sa famille. Tout est très codifié, organisé. Chacun à sa place et une place pour chacun. Car la femme n’est pas bonne à juste rester à la maison. Elle doit se montrer utile, travailler dur, s’acquitter des tâches considérées comme féminines et aider en plus son mari aux champs, à la mine… Elle fait le « sale » boulot. Elle broie le minerai à la masse avant de le transporter ensuite sur des embarcations lourdes. Elle est sur tous les fronts. Sort peu enviable mais néanmoins accepté par beaucoup. A cette époque, il vaut en effet mieux vivre à l’abri de la forge qu’en dehors, là où les procès en sorcellerie se multiplient…

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Pour le devoir de mémoire

Au 16e et 17e siècles, la Wallonie est le centre sidérurgique de l’Europe. Forges et hauts fourneaux y sont en activité constante. Mais malheureusement, il en reste peu de traces aujourd’hui. La faute aux multiples guerres qui se sont jouées sur le territoire : plus de six cents entre 1500 et 1832, date à laquelle la Belgique vient de naître. Et puis, progressivement, le secteur décline… C’est la crise, terrible. Le chômage gangrène notre région. Et dans les années 1970, les mines de charbon et les aciéries ferment tour à tour. Une situation qui explique peut-être pourquoi les Belges ont oublié qu’il y avait du bon, du grand et du beau dans cette histoire industrielle wallonne et suédoise. La mémoire est sélective… Mais avec un peu de volonté et d’enthousiasme, on peut la raviver.

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La forge wallonne, quésaco ?

Le procédé qui permet de transformer la fonte en fer forgé a été inventé dans la région liégeoise et exporté en Suède au début du 17e siècle où il s’est vite répandu. On compte à l’époque cinq forges wallonnes qui fonctionnent avec un haut fourneau à charbon de bois. C’est un minerai de fer riche en manganèse qui est utilisé, comme celui de la mise voisine de Dannemora, ce qui pourrait expliquer la grande pureté du fer forgé obtenu après décarburation du morceau de fonte qui pesait environ 30 kilos. C’est dire si les Wallons étaient courageux… Ils travaillaient en rotation par équipes de trois ou quatre, du dimanche soir au samedi matin, 24 heures sur 24. C’est qu’il ne fallait surtout pas que le haut-fourneau refroidisse ou que la production s’arrête.

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Anthropologie sociale et culturelle des immigrés wallons

Si le modèle social et pédagogique de la Suède est devenu un exemple, c’est notamment grâce aux immigrés wallons. Vrai de vrai. La preuve par trois.

  1. Dans le monde fermé des forges, les habitants bénéficient d’une sécurité inexistante ailleurs. Pour les femmes, notamment les veuves, cela se traduit par une allocation de survie. Les filles et les garçons, eux, reçoivent une allocation de céréales et un enseignement scolaire jusqu’à l’âge de douze ans. Du côté des hommes, le travail est garanti à vie et le salaire tombe même en cas de maladie. Autre point fort : l’aménagement du travail. Quand l’âge pose problème, on permet en effet au travailleur de passer à une tâche moins pénible ou de recevoir une allocation de vieillesse pour lui assurer le strict nécessaire. Et ce n’est pas tout : si quelqu’un n’est plus en mesure de vivre seul, on l’installe à l’infirmerie qui sert alors de maison de retraite.
  2. La liberté des cultes ne se pratique pas dans la Suède luthérienne mais les wallons, eux, peuvent continuer de pratiquer leur religion (le calvinisme) grâce aux pasteurs venus avec eux. Du jamais vu !
  3. A l’inverse des paysans suédois, les immigrés wallons sont très à cheval sur la propreté. Les femmes soignent leurs toilettes et leurs intérieurs. Quant aux forgerons, leur bain du samedi est un rituel tellement suivi qu’il en devient légendaire.

Et puis… Impossible de ne pas évoquer l’apport culturel des Wallons ! À l’époque, ceux-ci viennent d’une société plus évoluée et plus riche que la société suédoise. On s’habille, on respecte les codes et, dans la province d’Uppland, on chante et on danse aussi. Beaucoup. On développe même une musique folklorique. L’instrument de prédilection est alors la vielle, dont on joue au moyen de touches et d’une roue qu’on tourne avec une manivelle. Mais l’instrument finit brûlé au 19e siècle, car les puritains voient dans ces fêtes une menace pour la morale. En attendant, les Wallons ont déjà modifié certains aspects de la société avec leur manière de vivre dans les forges-communautés. C’est le cas avec les célébrations de Noël et de la Saint-Jean, qui se fêtent encore aujourd’hui. Ou encore le carnaval, ramené du plat pays et toujours en vigueur dans le village wallon de Gimo, qui se célèbre le 13 janvier.

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Incroyable mais vrai ! Louis de Geer vit toujours aujourd’hui !

Quatre siècles ont passé depuis l’arrivée de Louis de Geer en Suède. Et pourtant, il est toujours là. Vaillant. Le sourire aux lèvres. Une image qui n’a rien à envier à la peinture représentant son ancêtre dans le manoir familial. Car le Louis de Geer qui se présente à nous est le treizième du nom. Un héritage dont il est fier et qu’il protège comme il peut. Fin des années septante en effet, les affaires vont mal. La faillite est proche. Alors en 1986, il décide de créer une fondation pour pérenniser le souvenir de sa famille et obtenir des fonds qui lui permettent d’entretenir le domaine. Le résultat est là : Louis de Geer a réussi à sauver son patrimoine. Et ça n’a pas de prix. « Mon aïeul wallon est considéré comme le père de l’industrie en Suède. Il faut en être digne… Pour autant, ce n’est pas cet aspect-là que j’aime le plus. Je suis davantage touché par le fait qu’il a permis à beaucoup de gens de travailler, et donc de survivre. On n’a pas de chiffres exacts mais ça avoisine, je crois, les cinquante mille personnes en tout ». Il dit ça sans sourire. Comme s’il pensait à autre chose. Alors on lui demande ce qu’il ressent en évoquant tout ça. Il est là, assis dans un salon de la maison où il est né. Des photos posées sur une console racontent un monde aujourd’hui englouti. On imagine les habitudes des uns et des autres au même endroit. Leurs discussions. Leurs moments à table… « C’est sûr que ce n’a pas été une décision facile de donner cette demeure à une fondation. Mais je ne le regrette pas. Aujourd’hui, elle fonctionne comme un musée. Je suis en paix ». Le mot de la fin ? Pas vraiment. Louis de Geer aime surprendre. Et son parcours de vie le prouve. De l’internat, il passe à l’armée, puis à l’université où il décroche un diplôme d’économie. Départ ensuite pour les Etats-Unis où il suit des cours de marketing avant de travailler dans différentes entreprises. Success story bien partie… Il est en effet responsable des exportations quand son père décède à l’âge de cinquante-neuf ans. Une disparition qui le pousse alors à changer de vie. Ce sera l’école agricole et l’achat d’une ferme. La terre, comme refuge ultime. Louis de Geer est agriculteur depuis trente-quatre ans et fier de se présenter ainsi.

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Focus sur l’Association des descendants des Wallons de Suède

Créée en 1938 pour honorer l’amitié ancestrale entre la Wallonie et la Suède, l’Association a pour but de « faire connaître les apports de Wallons dans la vie économique et culturelle de la Suède » et de « rassembler les descendants des Wallons qui ont émigré en Suède au 17e siècle, de contribuer à la conservation de la culture wallonne en Suède et de créer un contact permanent avec la population de la Wallonie, ses autorités et institutions ». Autant de missions qui ont permis à son président, Anders Herou, d’être fait chevalier du Mérite wallon en 2016.


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Pourquoi les Wallons ne connaissent pas cette histoire suédoise ?

C’est LA question. Et jusqu’à présent, personne n’a la réponse. Pas même Amandine Pekel, Conseillère Economique et Commerciale pour l’AWEX à l’Ambassade de Belgique à Stockholm depuis cinq ans. De quoi la motiver à en parler. Partout. Tout le temps. Pour que cesse cette bizarrerie. Halte donc indispensable dans son bureau, avec un café et le sourire, ingrédients d’une « fika » réussie (c’est une tradition suédoise, une pause dans la journée).

 

Vous souvenez-vous de la première fois où vous avez entendu parler des Wallons de Suède ?

Oui, c’est mon prédécesseur, David Thonon, qui m’en a informée à mon arrivée ici il y a cinq ans. Et je dois dire que ça m’a surprise un peu. Et puis, j’ai discuté avec quantité de Suédois. J’ai rencontré des descendants de Wallons. Et là, j’ai pris conscience du phénomène. Ce n’était pas juste une histoire ancienne de migration. C’est un vrai sujet de société. Et à mon sens, il y a moyen de l’utiliser comme levier dans une action économique et culturelle.

 

Cela rend votre mission d’autant plus importante…

C’est sûr que quand je travaillais en Asie, les portes ne s’ouvraient pas de la même manière quand je prononçais le mot « Wallonie ». ! Ici, cette région a de la valeur. C’est vraiment unique. Et j’ai à cœur de transmettre cet engouement suédois pour les Wallons aux Wallons.

 

Comment ? Via des cours d’histoire dispensés dans nos écoles ?

Disons que j’espère que le chantier sur lequel je travaille amènera cette réflexion à Wallonie-Bruxelles puisque c’est elle qui organise l’école. Ce serait vraiment bien de partager ce savoir. Malheureusement, on a très peu de matériel en français. Il faut donc traduire les archives et livres suédois. Et le plus vite, le mieux. Car ce passé a de quoi rendre fier. Au placard donc le complexe d’infériorité. Ici, on a les yeux qui brillent quand on a des origines wallonnes ! C’est aussi classe que les Vikings !

 

Il y a vraiment tout un travail à faire pour redorer l’image…

Absolument. Il en va aussi du plan Marshall qui a marqué pour moi un tournant dans l’image d’elle-même de la Wallonie et son redéveloppement au début des années 2000… Car on compte toujours sur une autonomie financière de la Wallonie par rapport à la Flandre. En 2024, il y aura de nouvelles négociations. Et pour qu’elles soient efficaces, cela peut être utile de faire redécouvrir ce passé et montrer notre prospérité. L’image de la Wallonie est à pleurer en Flandre. Et je le dis parce que j’y ai fait mes études et parce que je parle très bien la langue. Je lis dans la presse des articles très durs, très souvent focalisés sur le négatif. Or, là, avec cette histoire de Wallons de Suède, on raconte autre chose que la sempiternelle Wallonie en déclin. On est sur un sentiment de fierté qui me plaît.

 

C’est tout de même surprenant que des Suédois d’aujourd’hui vivent encore avec ces souvenirs d’il y a quatre cents ans…

Oui mais cela s’explique facilement. Lors d’une mission métallurgie sur le recyclage des métaux et la décarbonation, on m’a un jour présenté la courbe de la prospérité suédoise. Et dessus, on voyait clairement une accélération à partir de l’arrivée des Wallons. Les Suédois leur sont simplement reconnaissants. Ils vivent tous les jours avec cet héritage.

 

Et aujourd’hui, la Wallonie est-elle encore attractive pour la Suède ?

Oui, on a de l’avance dans certains secteurs. On a fabriqué des vaccins qui ont été utilisés là-bas. On est également à la pointe dans l’aéronautique et le recyclage des métaux. A Liège, on a en effet entre autres développé une ligne de tri automatique des déchets métalliques. Ce n’est pas rien. Et cela montre que la Suède peut aussi avoir des choses à apprendre de nous sur ces sujets-là. On est capables d’inventer, donc d’inspirer et de collaborer. C’est très stimulant. La Suède occupe tout de même la deuxième place sur le podium des pays les plus innovants.

 

Les Wallons de Suède, ce n’est donc pas que de l’histoire ancienne ?

Non, sinon je perdrais un ressort important de mon action. C’est toujours notre dixième client. On a toujours des liens importants. La Chine vient juste après, c’est dire… Mais je pense qu’on pourrait approfondir encore les liens culturels et même touristiques. Les villages wallons du comté d’Uppsala devraient être reconnus comme patrimoine Unesco. Ils sont uniques. C’est de l’ordre du patrimoine mondial. On va donc tout faire pour qu’ils soient mis en lumière et qu’ils aient les financements pour pouvoir se relancer.

 

Un dernier mot ? Une anecdote à partager ?

Oui, hier, un Suédois m’a tendu sa carte de visite et il y avait dessus le coq wallon ! Je n’ai jamais vu ça nulle part. Peut-être qu’il y a ça au Wisconsin, dans ce fameux village wallon où l’on a gardé des traditions. Mais j’en doute. C’est vraiment unique ce qui se passe ici !


Les chiffres à retenir

  • Environ 5.000 Wallons débarquent dans les années 1620 en Suède
  • Il y aurait entre 800.000 et 1.000.000 de Suédois de descendance wallonne, ce qui représente environ 1/10e de la population
  • La Suède est aujourd’hui le 10e client de la Wallonie
  • Il y a environ 600 noms de famille d’origine wallonne en Suède
  • 23 bruks (villages de forges wallons) ont produit jusque dans les années 20 des barres de fer à partir du minerai de fer extrait de la mine de Dannemora (dans le comté d’Uppsala)

Le saviez-vous ? 

  • Dans les années 1620, la Wallonie fait partie des Pays-Bas espagnols et le souverain s’appelle Philippe IV d’Espagne.
  • Les Wallons qui s’expatrièrent en Suède venaient pour beaucoup de la région liégeoise, du Namurois (Yvoir et Walcourt) et du pays de Franchimont (Chimay et Durbuy).
  • La langue wallonne sera parlée dans certaines régions suédoises jusqu’au 19e siècle !

Par Nadia Salmi

 

Cet article est issu de la Revue W+B n°161

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