Major Tom, précieux outil pour valoriser les projets scéniques en cours de production

Durant le Festival d’Avignon s’est tenue la seconde édition de Major Tom Territoire Théâtral, dispositif destiné à stimuler les coproductions internationales en réunissant des professionnels internationaux du secteur des arts vivants autour de projets en cours de production. Deux journées organisées par le Centre Wallonie-Bruxelles à Paris et Wallonie-Bruxelles Théâtre Danse, associés à l’ONDA, Pro Helvetia et le CALQ.
C’est en 2019 que Stéphanie Pécourt, directrice du Centre Wallonie-Bruxelles à Paris (CWB), initie ce dispositif destiné aux professionnels, avec la volonté de contribuer à stimuler les coproductions belgo-françaises par le biais de la sélection et de la présentation de projets qui sont encore au stade de l’esquisse. Il s’agit donc de projets pour lesquels il y a déjà un producteur de la Fédération Wallonie-Bruxelles (FWB) mais dont la production et la coproduction ont besoin d’être encore renforcées.
Pour Stéphanie Pécourt, « l’objectif est de pouvoir créer un dispositif qui permette de poser les enjeux de l’internationalisation des productions et des diffusions ». Et, pour le CWB, « de pouvoir contribuer à professionnaliser les compagnies et à les inciter à développer de vraies stratégies susceptibles de renforcer leur présence et leur rayonnement à l’international ».
D’abord consacré à la danse à Paris, Major Tom s’étend après quelques années au théâtre. Après réflexion, Stéphanie Pécourt et Caterina Zevola, responsable de la programmation des arts vivants au CWB, décident de l’organiser hors les murs. Et quel plus bel endroit, pour le théâtre, qu’Avignon et son célèbre festival.
La 1e édition a lieu en 2024, avec, dans l’idée de développement de partenariats, le souhait de s’associer aux homologues français, l’ONDA (Office National de la Diffusion artistique en France). Ce dernier invite quatre compagnies françaises, qui ont le soutien des scènes françaises. Ce sont donc huit projets qui sont présentés (quatre FWB et quatre français) au bénéfice d’une centaine de professionnels français et belges.
Ouvrir aux porteurs de la francophonie
Le succès est au rendez-vous et donne aux équipes l’envie de poursuivre avec l’idée de collaborations internationales et d’ouvrir le dispositif à d’autres acteurs porteurs de la francophonie : la Suisse avec Pro Helvetia (Fondation suisse pour la culture) et le Québec avec le CALQ (Conseil des Arts et des Lettres du Québec).
Caterina Zevola nous explique que « L’idée, au-delà de faire connaître les projets de chaque pays pour terminer les montages en production, est aussi d’imaginer des pré-diffusions et des esquisses de tournées internationales ». En effet, autant il est plus facile pour la danse de faire tourner les spectacles à l’international car c’est le corps qui parle, qui véhicule les émotions et les pensées, autant pour le théâtre c’est plus compliqué. Même avec des sous-titres, la barrière de la langue peut encore se poser.
Pour Caterina Zevola, « La volonté est aussi de pouvoir aider la création théâtrale à lutter contre la surconsommation, qui s’applique malheureusement au monde de l’art. Aujourd’hui, les coproductions sont mises en œuvre presqu’uniquement pour les nouvelles créations. Ça oblige les metteurs en scène, les créateurs à imaginer sans cesse de nouvelles créations, de nouvelles formes alors que la création précédente n’est peut-être même pas encore finalisée ou n’a pas encore vraiment tourné. Et déjà ils doivent se projeter sur la suite. Avec Major Tom, la volonté est de tenter de ralentir un peu le rythme et de se fédérer, d’imaginer des réseaux pour faire vivre les projets d’une manière saine, en dehors de l’ultra consommation artistique ».
Ainsi, travailler avec Wallonie-Bruxelles Théâtre Danse (WBTD) est une évidence. Car les missions et les envies sont les mêmes. S’allier dans cette optique de promotion internationale est donc essentiel.
Florence Lhermitte est conseillère à l’ONDA (Office National de Diffusion artistique). Pour elle, « L’ONDA participe pour la seconde fois à Major Tom, sur invitation du CWB, car c’est typiquement l’endroit où l’ONDA doit être. Notre mission, c’est d’aider à la diffusion d’artistes sur les territoires français. Et Major Tom est un moyen de faire du lien, ce qui est le cœur de notre métier. Faire du lien entre les équipes artistiques et les structures de diffusion. Mais aussi entre les artistes entre eux et les programmateurs entre eux. C’est important, car ils ont toujours plaisir à se rencontrer et à échanger leurs expériences, surtout quand ils viennent de pays différents. Ce sont toujours des moments forts de partage. On s’aperçoit, sur le long terme, que c’est comme ça que la diffusion naît, que les liens se tissent et que les tournées peuvent prendre forme ».
L’ONDA a proposé quatre équipes artistiques françaises, complémentaires à celles des autres pays participants. Ils ont proposé des spectacles avec des esthétiques différentes, des formats différents, des adresses au public différentes. Avec aussi des artistes qui ne sont pas forcément au même stade de leur carrières. Enfin, pour Florence Lhermitte, « L’âme de cette rencontre, c’est que les structures qui accompagnent les artistes ont une façon de présenter leurs artistes à la fois factuelle et très sensible. Et la sensibilité fait partie de l’ADN de l’ONDA. Dire l’amour que les structures accompagnantes ont pour ces artistes. C’est aussi ça, la rencontre Major Tom ».
Un appel à projets pour ouvrir des portes
Le dispositif Major Tom fonctionne sur appel à projets. Ce dernier est diffusé vers le mois de janvier et les créateurs, les metteurs en scène, peuvent alors postuler. Il y a un jury d’experts (la plupart directeurs des scènes françaises), accompagné de deux marraines ou parrains (toujours internationaux pour ouvrir l’analyse au-delà des frontières) qui découvrent tous ces projets. En 2025, 70 projets ont été déposés et analysés. Seulement 12 ont été sélectionnés (quatre FWB, quatre français, deux suisses et deux québécois) et présentés sur deux journées. Les quatre projets FWB étaient les suivants :
- Léa Drouet avec Rodéo
- Emilie Franco avec That's the way the cookie crumbles
- Lucile Saada Choquet avec Qui adopte qui ? (en)quête d'amour et de justice
- Paola Pisciottano avec Britney Bitch
Cependant, certains projets qui ont postulé mais qui n’ont pas été repris pour Major Tom ont tout de même été repérés par les directeurs de scènes françaises du jury. C’est la magie de Major Tom.









