La Wallonie, pionnière dans la lutte contre les pertes et dommages dus aux changements climatiques
Dans le Delta du Sine Saloum au Sénégal, l'élévation du niveau de la mer et l'érosion côtière menacent les amas coquilliers, témoins du patrimoine culturel des populations locales. Ces monticules, vieux de plusieurs millénaires, contiennent des vestiges archéologiques uniques qui racontent l'histoire des communautés Sérères Niominka. L'érosion provoque l'effondrement de ces sites, noyant dans la mer des trésors historiques irremplaçables.
Au-delà de cette perte culturelle, le dérèglement climatique perturbe l'écosystème fragile des mangroves, affectant la biodiversité et les moyens de subsistance des populations locales qui dépendent de la pêche, l'ostréiculture et l'écotourisme. Ces pertes et dommages irréversibles illustrent l'urgence d'agir, et représentent depuis peu le troisième pilier de lutte contre les changements climatiques, aux côtés de l’atténuation et de l’adaptation.
Face à cette urgence, la Wallonie a choisi de développer une expertise unique dans le domaine en tentant de trouver des réponses concrètes aux besoins des communautés les plus exposées.
Retour au débutLe Fonds pour les Pertes et Dommages
Sa démarche s'inscrit dans un contexte international en pleine évolution. Lors de la COP26 à Glasgow en 2021, la Wallonie a surpris en annonçant une contribution d'un million d'euros à un programme de financement dédié aux Pertes et Dommages, géré par les Nations Unies, mécanisme financier destiné à aider les pays vulnérables à faire face aux impacts irréversibles du changement climatique qui dépassent leurs capacités d'adaptation. Cette initiative a précédé de peu la décision officielle de créer un fonds spécifique lors de la COP27 en 2022 et son opérationnalisation à la COP28 en 2023, fonds administré de manière temporaire par la Banque mondiale.
Sur le terrain, l'action wallonne se concrétise à travers des projets menés par l'AWAC en partenariat notamment avec l'APEFE.
Le projet « Niowan Saloum » au Sénégal illustre parfaitement cette implication. Face à l'érosion qui menace le patrimoine culturel et l'économie locale, l'APEFE et en collaboration avec ULB-Coopération et l’association Sénégalaise Nébéday, déploient un arsenal de solutions innovantes. Restauration du parcours écotouristique de l’immense amas coquillier du Diorom Boumak menacé par la montée des eaux, formation d’éco-guides, développement de l’apiculture dans les mangroves, soutien à l'entrepreneuriat féminin dans la transformation des produits locaux... Le projet va au-delà de la simple préservation du patrimoine, il a aussi pour objectif de renforcer la résilience des communautés face aux changements climatiques en créant de nouvelles opportunités économiques durables pour les communautés locales.
L'engagement wallon ne se limite pas au Sénégal. Au Burundi, un autre projet soutenu par l'AWAC et l'APEFE s'attaque aux glissements de terrain et à l'érosion des sols, illustrant la diversité des défis liés aux pertes et dommages.
Retour au débutLa Wallonie s’engage au niveau international
Ces actions soulèvent néanmoins une question légitime : pourquoi la Wallonie agit-elle au niveau international alors que des défis climatiques existent aussi au niveau régional ? La réponse réside dans la nature même du changement climatique, un phénomène global aux conséquences locales.
Les émissions de gaz à effet de serre ne connaissent pas de frontières. Une approche de solidarité internationale est nécessaire pour accompagner les pays en développement, qui ont le moins contribué au problème et sont souvent les plus vulnérables aux impacts du changement climatique.
Pour la Wallonie, cet engagement international est aussi une opportunité de développer une expertise unique. Les leçons apprises dans des contextes aussi variés que le Sénégal ou le Burundi nourrissent les compétences wallonnes et les stratégies d'adaptation au niveau régional.
De plus, en se positionnant comme un acteur innovant sur la scène internationale du financement climatique, la Wallonie renforce son influence et sa capacité à peser dans les négociations globales.
Alors que les impacts du changement climatique s'intensifient partout dans le monde, l'exemple wallon, à travers l’action de l’AWAC et de l’APEFE montre qu'il est possible d'agir de manière concrète, en alliant préservation du patrimoine, développement économique durable et solidarité internationale.
Découvrez le détail des cinq projets engagés au Bénin, Burkina Faso, Burundi, Rwanda et Sénégal par l'APEFE et l'AWAC pour lutter contre les effets négatifs du changement climatique.
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