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Les industries culturelles et créatives (ICC) de Wallonie-Bruxelles

14/04/2024
Pierre de Maere aux Francofolies de Spa 2022 | © J. Van Belle - WBI

Précurseur de la prise en compte du potentiel des ICC, la Wallonie et la Fédération Wallonie-Bruxelles (FWB) constituent un écosystème riche d’opportunités pour les partenaires étrangers. L’évolution de ce secteur représente un élément important des relations internationales de la Wallonie et la FWB. 

Bénéficiant de filières déjà très bien structurées dans certains secteurs, c’est un large vivier d’acteurs qui est en cours de structuration. Les établissements d’enseignement supérieur et les universités font partie intégrante de cette démarche du développement des industries culturelles et créatives. 

La Wallonie et la FWB aux avant-postes de l’étude du poids économique des Industries culturelles et créatives

Les industries culturelles et créatives (ICC) ont, depuis une dizaine d’années, fait l’objet d’un nombre croissant d’études, à l’international comme au niveau national, de la part de chercheurs spécialisés mais aussi à l’initiative d’acteurs publics afin d’évaluer le poids socio-économique du secteur.

Dès 2014, précurseur en la matière au niveau européen, l’Institut wallon de l’évaluation, de la prospective et de la statistique (IWEPS) réalisait pour la première fois une étude afin d’évaluer le poids économique des ICC en Wallonie et à Bruxelles.

L’IWEPS remarquait que « le secteur des ICC se révèle vaste et protéiforme et que plusieurs domaines gagneraient à être étudiés de manière plus approfondie, notamment en regard des mutations technologiques actuelles et des questions liées à la propriété intellectuelle (par exemple : la musique, l’audiovisuel, les jeux vidéo). De plus, la part non-marchande des ICC nécessiterait également une attention différenciée et spécifique, nécessitant l’usage de méthodologies axées sur la mesure de valeurs s’écartant parfois des indicateurs économiques standards. »

 

Un premier cadastre de l’emploi culturel en Belgique francophone. 

Le 3 avril 2025, l'Université Libre de Bruxelles annonçait la réalisation du premier cadastre de l’emploi culturel en Belgique francophone. 

L'étude dresse pour la première fois un état des lieux complet de l’emploi dans le secteur culturel en Fédération Wallonie-Bruxelles. Ce premier cadastre pose les fondations d’une observation continue et rigoureuse de l’évolution du secteur.

Alors que les données disponibles jusqu’ici en Belgique francophone étaient éparses, ponctuelles ou limitées à certains territoires, le travail de Christophe Levaux, chercheur FNRS au LaM, Laboratoire de musicologie (Faculté de Philosophie et Sciences sociales), et Louise de Brabandere, chargée de recherche au centre METICES (Faculté de Philosophie et Sciences sociales) se distingue par son ambition : offrir une vue d’ensemble structurée de l’emploi culturel, en tenant compte à la fois des salariés et des indépendants, qu’ils soient ou non subventionnés par la FW-B.

Commandée par l’Observatoire des politiques culturelles (OPC), l’étude se compose de deux volets. Le premier explore l’ensemble du secteur culturel à travers une approche statistique fondée sur les nomenclatures européennes, mais adaptée aux spécificités institutionnelles et culturelles de la FW-B. Le second volet s’intéresse spécifiquement aux opérateurs culturels subventionnés, en croisant données administratives et analyses territoriales.

Au-delà des grands domaines traditionnels — arts vivants, audiovisuel, patrimoine, livre, architecture… — le cadastre met en lumière la diversité des métiers culturels et la complexité des trajectoires professionnelles. Il souligne aussi la fragmentation de l’emploi dans le secteur : multiplicité des statuts, précarité persistante, et cumul fréquent d’activités.

Ce premier cadastre vise à offrir une meilleure lisibilité du champ culturel mais aussi un socle solide pour penser les politiques futures, évaluer les besoins, et mieux soutenir celles et ceux qui œuvrent au quotidien dans ce secteur essentiel. 

Le secteur culturel en FW-B représente une part significative de l’emploi régional, avec 73.815 salariés en 2021 (soit 4,2% de l’emploi salarié total) et 43.542 indépendants (27.071 à titre principal et 16.471 à titre complémentaire), pour un total estimé à 101.516 travailleurs. Ce secteur est marqué par une forte féminisation (56% de femmes salariées) et une présence importante d’artistes (8,5% des travailleurs du secteur). Les salaires y sont toutefois inférieurs à la moyenne régionale : le salaire annuel brut moyen par travailleur est de 28.244 euros (contre 35.127 euros tous secteurs confondus), et encore plus bas pour les artistes (12.668 euros). L’emploi y est caractérisé par une forte fragmentation et intermittence, avec de nombreux contrats à temps partiel ou de courte durée.

La crise du Covid-19 a eu un impact marqué sur l’emploi salarié du secteur culturel, avec une baisse de 5,5% du nombre de salariés entre 2019 et 2020 (soit plus de 4.300 emplois perdus), particulièrement dans les arts vivants, la musique, la mode et l’audiovisuel. Le volume d’emploi (en ETP) a chuté de 20% sur la même période, avant de remonter progressivement sans retrouver les niveaux d’avant-crise en 2022. En revanche, le nombre de travailleurs indépendants a continué de croître (+4 à 5% par an), illustrant une tendance à la diversification des statuts dans le secteur. La répartition géographique montre une forte concentration de l’emploi culturel à Bruxelles (52% des salariés, 35% des indépendants), notamment pour les artistes (85% des salariés artistes).

Enfin, l’étude distingue l’emploi dans le secteur culturel subventionné et non subventionné. En 2021, l’emploi non subventionné représente 54% du total, contre 46% pour le secteur subventionné (dont 36% en Culture et médias, 7% en Éducation permanente et 3% en Jeunesse). Les domaines comme l’architecture sont majoritairement occupés par des indépendants, tandis que la mode, l’audiovisuel et le patrimoine emploient surtout des salariés. Malgré la diversité des statuts et des domaines, le secteur reste confronté à des enjeux de précarité, de fragmentation de l’emploi et d’inégalités salariales, même si les écarts de rémunération entre hommes et femmes y sont moins marqués que dans l’ensemble de l’économie régionale.

Une question européenne, Wallonie-Bruxelles en exemple 

Au début des années 2000, les travaux européens, réalisés à l’aune des années 2000 par la DG Culture ont permis de délimiter un ensemble d’activité liées pouvant être traduites par du PIB européen. Cela a de fait permis de reconnaître la réalité économique des arts et de la culture, en parlant de poids économique, de marqueurs sur l’emploi, de capacité d’innovation, etc.

De plus, le SPW Economie représente la Wallonie au sein de deux projets Interreg Europe dédiés au développement économique des industries culturelles et créatives : RCIA et CREADIS3

Le projet Interreg Europe RCIA (Regional Creative Industries Alliance) vise à augmenter le nombre de collaborations entre les PME créatives et d’autres entreprises plus traditionnelles afin de renforcer la compétitivité des entreprises et le développement d’innovations.

Le projet Interreg Europe CREADIS3 (Smart Specialisation Creative Districts) vise à améliorer la gouvernance institutionnelle des écosystèmes créatifs et à booster la contribution des industries culturelles et créatives au développement économique régional.

Ces deux projets ont commencé en janvier 2017. Ils s’inscrivent dans la continuité des expériences précédentes de la Région qui ont permis de prouver l’atout que représente le secteur des industries culturelles et créatives pour le développement économique régional ainsi que le potentiel de la Wallonie au niveau européen. La Wallonie a été nommée District Créatif Européen (Wallonia European Creative District) de 2013 à 2015 par la Commission européenne et est ainsi devenue l’un des deux démonstrateurs européens de stratégies politiques concernant la créativité.

Lancée en 2014 et actuellement mise en œuvre au travers du Fonds Européen de Développement Régional (FEDER), la politique des hubs créatifs wallons est le principal dispositif étalonné comme un point de référence dans le cadre de ces deux projets Interreg Europe. 

St’Art, un outil de levier économique en phase avec le terrain

Dès 2009 la Belgique francophone a été pionnière en mettant sur pied l’outil St’Art, qui intéresse aujourd’hui les autorités européennes. L’investissement dans l’art et la culture paraît encore trop risqué pour beaucoup. St’Art fonctionne comme une société d’investissement et demande à leurs partenaires les mêmes garanties : plan d’affaire, plan financier, identification au sein de la filière d’activité, avantage concurrentiel, solvabilité s’il y a emprunt, rentabilité sous forme de dividende s’il y a participation au capital, etc.

Cette manière d’appréhender le financement de projet permet au public de mieux délimiter son action et au privé d’obtenir des garanties de retour sur investissement. 

La mise en place des Hubs créatifs Wallons

La politique des hubs créatifs en Wallonie mise en place dès 2014 vise à créer de la valeur économique en misant sur la créativité comme facteur déterminant de l’innovation. Constitués à partir des organismes les plus pertinents sur le plan local (universités, CEEI, intercommunales, asbl privées…), les hubs créatifs se positionnent comme des moteurs de transformation de l’économie traditionnelle vers l’économie créative. Il est à noter que les hubs créatifs ont une vision multisectorielle mais que certains d’entre eux se sont focalisés sur les industries culturelles et créatives comme vecteur de développement.

Service de coopération internationale de WBI

Wallonie-Bruxelles International (WBI) intègre les Industries Culturelles et Créatives (ICC) comme un axe majeur de sa coopération internationale, notamment à travers ses partenariats bilatéraux et en particulier avec l’Afrique. Cette approche est particulièrement visible dans ses programmes de coopération, comme l’illustre le récent partenariat avec le Bénin où les ICC constituent l’un des piliers stratégiques du programme 2024-2028. 

WBI assure la coordination et la mise en œuvre de ces initiatives culturelles en travaillant étroitement avec différents partenaires et opérateurs, tout en s’alignant sur les politiques définies par le Gouvernement de la FWB, le Gouvernement wallon et le Collège de la Commission communautaire française. Cette démarche s’inscrit dans une vision plus large de promotion des intérêts culturels de la Fédération Wallonie-Bruxelles sur la scène internationale. 

En 2024, WBI et l’APEFE, avec l’appui de la Fondation Hicter, ont conjointement conduit une analyse prospective pour soutenir le développement du secteur culturel et des ICC dans le cadre de la coopération entre la Wallonie-Bruxelles (WB) et l’Afrique. Ce cadre de référence vise à renforcer la coopération culturelle autour de la structuration des industries culturelles et créatives ou encore des questions du numérique et de l’intelligence artificielle dans le secteur culturel. 

Un réseau international dédié : Les Chargés de développement culturel et patrimonial (CDCP) de Wallonie-Bruxelles international et les Délégations Générales Wallonie-Bruxelles

La diplomatie culturelle et patrimoniale s’appuie sur les 21 chargées et chargés de projets, appelés désormais Chargées et Chargés de développement culturel et patrimonial (CDCP). Ces personnes travaillent à la promotion de nos opérateurs culturels, mais aussi au déploiement des industries culturelles et créatives et d’autres atouts et projets liés notamment au patrimoine, au tourisme ou à la formation.

Le réseau des CDCP sera présent dans les pays suivants :

Allemagne, Canada, Chili, Chine, France, Maroc, Pologne, Roumanie, RDC, Sénégal, Suisse, Tunisie, Vietnam, Emirats Arabes Unis, Espagne, États-Unis, Italie, Japon, Royaume-Uni.

Quelques exemples de réalisations de Wallonie-Bruxelles dans les industries créatives et culturelles :

Du rêve à l'engagement, l'univers de Folon s'expose au Japon

Résidence "La Cohorte" au Québec : un projet de création pour la musique émergente

Nouvelle collaboration culturelle entre la Représentation WB au Chili et le Persa Victor Manuel

Avec le gaming, le talent wallon possède une filière de qualité

Wallonie-Bruxelles à SXSW: s’inspirer, networker et comprendre les tendances du futur

South By Southwest: une présence belge remarquée au Texas

Festival Transmediale à Berlin : focus sur les artistes belges francophones

Le phishing, principale porte d'entrée des cybercriminels

Les Belgian Days à Hong Kong

MTL connecte | Comment l’intelligence collective fait son nid

https://galaxy.kikk.be/fr/projets

L’intelligence artificielle dans l’art et les industries culturelles et créatives

L'éducation culturelle et artistique en Fédération Wallonie-Bruxelles reconnue par l'UNESCO

 

Sources :

Le poids économique des Industries culturelles et créatives en Wallonie et à Bruxelles Rapport de l’IWEPS du 08/12/2014

Le rôle du fonds S’tart

LA POLITIQUE DES HUBS CREATIFS WALLONS AU

CŒUR DES PROJETS CREADIS3 ET RCIA (Interreg Europe)

Rapport d’activités 2023 de Wallonie-Bruxelles international

Annonce de l'ULB sur Le premier cadastre de l’emploi culturel en Belgique francophone