Atelier Louves - La force de la meute
Un collectif artistique qui, pour ne pas se laisser enfermer dans une case ou un style déterminé, investit l’espace public, mais aussi des lieux privés en quête d’un supplément d’âme.
Si les deux artistes de 40 ans se sont rencontrées à l’École nationale des arts visuels de La Cambre, la première partie de leurs carrières respectives les a menées vers des chemins différents : l’univers de la pub pour Cathy qui venait d’étudier le graphisme et l’Art Therapy pour Clarisse, diplômée en gravure et illustration, un temps, expatriée à Paris. « Cette ville m’a donné le goût du collectif et des projets réunissant plusieurs univers. De retour à Bruxelles, j’ai retrouvé Cathy. Notre collaboration s’est construite de manière très naturelle et tout s’est enchainé assez vite dans la construction de notre identité artistique commune. Nos premiers projets étaient cependant très confidentiels », confie l’artiste. « A l’époque, on travaillait au feutre Posca » poursuit Cathy en évoquant la vitrine du labo photos d’un ami à Ixelles : leur toute première œuvre en duo. Alors que le tandem travaillait sur ce projet, Clarisse et Cathy rencontrent les organisatrices de l’Affordable Art Fair qui leur confient la création d’une fresque destinée au couloir de la foire d’art contemporain. « Un vrai tremplin », précise Clarisse.
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Au pluriel et sans article
Cette fresque et celles qui ont suivi ont permis à Atelier Louves de poser les bases d’un projet que les deux artistes ont choisi de développer sans se mettre de barrière. « Ce qui nous plait dans l’art urbain, c’est son côté libre et ouvert. Quand vous investissez un espace, vous tentez de lui donner une nouvelle dimension tout en conservant votre identité et l’âme du lieu. On ne travaille jamais sur un thème en particulier. Ce qui nous intéresse, c’est d’explorer le potentiel de chaque support et de faire coexister des matières que tout oppose. Au fil du temps, nos œuvres sont devenues plus colorées. La notion de mouvement joue un rôle central dans notre démarche », poursuit Clarisse. Louves, écrit au pluriel, sans déterminant et sans article, évoque l’idée de rassemblement, « un autre élément qui guide notre démarche ». Comme lorsque le duo participe à la fresque de la station de métro Simonis à Bruxelles : un projet d’envergure réalisé pendant 10 nuits consécutives en collaboration avec d’autres artistes. « L’art urbain est un univers encore très masculin. Notre statut d’outsider dans ce milieu est une force et un véritable atout », précisent-elles.
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Carte blanche
En 2019, Atelier Louves s’invite pour la première fois dans une galerie. « Accrocher des toiles en petit format sur des murs blancs ne nous intéresse pas. Pour ce projet collectif commissionné par The Skate Room, nous avons peint sur des planches de skate, mais aussi profité de cette carte blanche pour déborder sur les murs de la galerie. Pour nous, cette notion de liberté et d’ouverture est essentielle », ajoutent les artistes qui, quelques jours après cette rencontre, vont s’emparer du mobilier urbain du skate park du quartier des Ursulines à Bruxelles. « Quand nous quitterons le lieu, l’œuvre ne nous appartiendra plus. Ce sont les utilisateurs du parc et les habitants du quartier qui se l’approprieront ». Entre les deux artistes, la connexion est évidente. La complicité aussi. Alors que Cathy envisage les projets dans leur globalité, Clarisse amorce chaque nouvelle œuvre en expérimentant différentes techniques, dont le collage. « L’avantage de travailler à deux, c’est qu’on ne s’arrête jamais à notre première idée. L’échange au sein de notre atelier, mais aussi avec nos clients ou d’autres artistes, nous pousse toujours plus loin dans notre réflexion ».
Par Marie Honnay
Cet article est issu de la Revue W+B n°157.
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