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La Baie des Wallons : aux origines d’un lien méconnu entre New York et la Wallonie

20/12/2024
(c) WBI - J. Van Belle

La baie des wallons

En juin 2022, lors des préparatifs d’une mission économique belge sur la Côte Est des États-Unis, un panel consacré aux industries culturelles et créatives s’est tenu au Brooklyn Navy Yard, un ancien site industriel reconverti en centre d’innovation. Situé à proximité de Wallabout Bay, le lieu suscite soudain l’attention par son nom, dérivé du hollandais Wallen Bocht – la « Baie des Wallons ». Ce détail toponymique permet alors de mettre en lumière une connexion historique fascinante entre New York et les Wallons.

« Parmi les premiers colons européens établis à New Amsterdam, on retrouve trente-deux familles wallonnes venues du Hainaut, qui se sont installées sur l'île de Manhattan, dans les environs de Brooklyn, ainsi que dans la vallée de l’Hudson », explique Maxime Van Cauter, conseiller académique et scientifique de Wallonie-Bruxelles International aux États-Unis. Alors que New York célèbre ses 400 ans d’existence, cet ancrage wallon dès 1624 au cœur de la grosse pomme devient une promesse de découvertes inattendue.

Un projet de collaboration scientifique

Conscient de l’importance de ce lien historique, Maxime Van Cauter initie en octobre 2022 un groupe de travail réunissant trois historiens wallons et sept chercheurs américains. L’objectif de cette équipe internationale est alors de recenser et d’analyser les sources existantes, telles que des articles, manuscrits et registres, pour dresser un état des lieux des connaissances. Un ouvrage réunissant ces recherches est d’ailleurs à l’étude pour publication.

C’est dans ce contexte que Peter Aigner, directeur du Gotham Center for New York City History, joue un rôle clé. Ce centre de recherche, affilié à la City University of New York (CUNY), participe activement aux travaux et facilite aussi des mises en relation stratégiques, renforçant ainsi les passerelles entre Wallonie-Bruxelles et New York.  C’est ainsi par l’intermédiaire de Peter Aigner que les chercheurs ont pu approcher l’organisation Historic Huguenot Street, site archéologique national conservant des archives manuscrites wallonnes, en vieux français du XVIIe siècle.

Le Gotham Center : mémoire et innovation

Institution centrale dans la commémoration des 400 ans de New York et futur acteur des 250 ans de la Révolution américaine en 2026, le Gotham Center incarne une dynamique d’innovation en lien avec le patrimoine historique. Ses projets sont multiples, allant de l’organisation d’expositions ou événements internationaux en passant par le développement d’applications mobiles ou expériences immersives permettant de visiter des sites, visualiser ou revivre des événements historiques majeurs.

Ces dernières initiatives innovantes nécessitent des compétences technologiques spécifiques. « Le Gotham Center cherche actuellement des partenaires dans les domaines de la réalité virtuelle, du mapping vidéo et de la muséologie immersive, autant de secteurs dans lesquels la Wallonie excelle », précise Maxime Van Cauter.

 

Une invitation stratégique au KIKK Festival

Pour explorer ces synergies, Maxime Van Cauter a invité Peter Aigner à participer au KIKK Festival, événement phare des industries culturelles et créatives organisé à Namur en octobre 2024. « Le KIKK Festival, soutenu par le réseau WAKE!, rassemble les acteurs les plus innovants de l’écosystème wallon. C’était une opportunité idéale pour établir des connexions concrètes avec des partenaires potentiels », souligne le conseiller.

Durant une semaine, Peter Aigner a ainsi rencontré des institutions telles que le Mundaneum, le Musée Royal d’Art et d’Histoire, ainsi que des entreprises innovantes comme Dirty Monitor, DreamWall, ou XR4Heritage. Ces échanges ont mis en lumière le savoir-faire wallon en matière de technologies immersives, un domaine stratégique pour les projets du Gotham Center.

Vers des collaborations durables

Cette dynamique de rencontres a déjà porté ses fruits : plusieurs propositions de partenariats sont en cours d’évaluation, notamment pour les commémorations de 2026. « Ces échanges ne visent pas seulement à célébrer le passé, mais bien à construire des collaborations durables entre nos écosystèmes », insiste Maxime Van Cauter.

L’histoire partagée entre New York et les Wallons dépasse le simple cadre historique. Elle constitue aujourd’hui une opportunité unique d’innovation et de dialogue interculturel. En tissant des liens entre mémoire et technologies de pointe, cette relation contribue à renforcer la position de Wallonie-Bruxelles comme acteur international dans les industries créatives.