Les Smart Cities, outil de transition pour les villes et territoires
La Wallonie et la Fédération Wallonie-Bruxelles entendent être à l’écoute de toutes les évolutions en la matière et notamment, au travers du Smart City Institute (HEC ULiège), de permettre un dialogue et une recherche de solution entre les autorités publiques, citoyens, entreprises multinationales et locales, associations, ONG, universités... sur le territoire.
« Avec cette dynamique de Smart City, les différents acteurs peuvent engager un processus de transition durable afin d’assurer la prospérité économique, le bien-être social et le respect des ressources naturelles sur ce territoire... tout en utilisant les technologies (technologies digitales, ingénierie, technologies hybrides) comme facilitateur » explique Audrey Lebas du Smart City Institute (SCI).
Pour elle, « avec les changements climatiques, les phénomènes d’urbanisation (plus de 75% de la population vivra en ville dans les années à venir...), il y a de nouvelles attentes et les Smart Cities offrent de nouvelles possibilités. Pour assurer une réelle transition, les démarches et projets doivent être entrepris à différentes échelles de pouvoir : locale, provinciale, régionale. En pratique, les communes sont intéressées par une variété de thématiques (mobilité, gouvernance, énergie, bien-être…). Les intercommunales de développement économique (Idelux, Spi, Ideta) jouent aussi un rôle important en tant que référents opérationnels de la Région ».
Pour nourrir ce dialogue, un matériel de qualité existe comme le Guide Pratique de la Smart City : une collection pour guider les communes pas à pas vers une gestion plus durable et intelligente de leur territoire. A travers cette notion de collection, l’ambition est de fournir, chaque année, un nouveau guide pratique, pour accompagner pas à pas les territoires et alimenter en continu leurs réflexions. Depuis fin 2022, il existe aussi des carnets didactiques permettant d’approfondir l’un ou l’autre concept abordé dans les guides, mais non développé de façon détaillée. De plus, le Smart City Institute a aussi développé des modèles tels que le Smart Project Management Model et le Smart City Maturity Model pour soutenir les gestionnaires de projets Smart City.
Des projets concrets et des financements
Cette démarche Smart City a un impact concret partout dans le monde dans le quotidien de la population puisqu’elle propose de répondre aux défis et enjeux auxquels les acteurs publics sont quotidiennement confrontés : mobilité, économie, environnement, population, gouvernance, urbanisme, qualité de vie... Récemment, en novembre dernier, le Smart City Expo de Barcelone a d’ailleurs permis de découvrir quelques solutions concrètes, comme le souligne Sofia Malbec du Service R&I de WBI qui était présente à Barcelone : « Cette dynamique peut apporter des réponses plus rapides aux besoins des citoyens d’améliorer les services (mobilité, santé...) par le partage des données, l’optimalisation de la gestion du territoire (gain de temps), la stimulation de l’innovation, la création d’un environnement propice pour attirer de nouveaux talents... tout en diminuant l’impact environnemental ».
A Barcelone, de nombreuses synergies ont vu le jour : « Beaucoup de participants sont passés par notre stand organisé par l’Awex. Nous avons participé à ce salon avec les universités, qui étaient très intéressées : elles ont des chercheurs en Smart Cities notamment avec l’UNamur, l’UCLouvain et le Smart City Institute de Liège. Le salon permet évidemment de rencontrer l’écosystème d’autres pays mais aussi d’autres chercheurs et de participer à des conférences sur des thématiques nouvelles... »
Plusieurs cas concrets ont permis de mieux se rendre compte de l’impact au quotidien pour la population : application pour avoir des villes connectées, informations pour les communes sur les poubelles ou sur la gestion des feux rouges, réflexion sur les passages piétons avec des lumières (vertes ou rouges) qui s’allument par terre pour les gens qui marchent en regardant leur GSM sans regarder les feux, mais aussi des applications utiles pour la Silver économie pour les personnes âgées...
A Barcelone, la question du financement n’est pas oubliée : « Nous avons aussi pu approfondir nos connaissances en financements publics et privés de projets de Smart Cities. Il y a aussi des opportunités pour bénéficier de fonds européens pour développer des projets... avec des universités et/ou des entreprises ».
Sofia Malbec évoque quelques projets comme celui « des places de stationnement pour les trottinettes électriques. En Wallonie, des acteurs agissent aussi avec des projets pour développer des solutions de parking à la demande, qui mettraient en relation les automobilistes avec des gestionnaires de parkings privés. Ils travaillent aussi sur un projet qui tendrait à optimiser l’utilisation de l’énergie photoélectrique produite à domicile pour la réinjecter le soir dans la voiture ».
L'impact sur le citoyen
Les communes ont un rôle majeur dans cette dynamique. Sur le terrain, en 2022, de nombreuses communes se sont investies comme Mons, Walhain, Esneux, Couvin, Heron, Gerpinnes, Verviers, Stoumont, Engis. En 2021, Nassogne, Bièvre, Wasseiges, Nivelles, Soumagne, Wellin, Chimie, Chaudfontaine avaient déjà franchi le pas.
Mais que pensent le citoyen et les communes de tels projets ? Le dernier baromètre du Smart City Institute a permis de prendre le pouls : la Smart City reste aussi toujours principalement associée à la digitalisation de la commune (84%), à l’amélioration de la qualité de vie (63%) et à la participation inclusive des citoyens et des acteurs (60%).
Sur le terrain, les résultats du baromètre montrent que les démarches sont toujours majoritairement initiées au niveau de la commune elle-même et, plus précisément, par ses élus : échevins (31%) et bourgmestres (26%). Quant aux domaines d’application des projets, ceux-ci concernent principalement le Smart Environment (thématique liée au développement urbain durable, à l’optimisation énergétique, à la gestion des déchets et des eaux usées, etc.) et la Smart Governance (thématique liée à la participation inclusive de l’ensemble des acteurs du territoire ainsi qu’à la gouvernance). Sans oublier la dimension Smart People (thématique liée au système éducatif mais également aux télécommunications, à la digitalisation et à l’innovation).
Les soucis existent
Développer un tel projet n’est évidemment pas toujours évident, comme le montrent les résultats de ce baromètre. Parmi les obstacles rencontrés, on retrouve la difficulté à mobiliser les budgets (50%) et celle liée à l’acquisition de l’expertise nécessaire à la planification, la réalisation et le suivi des projets (49%). Sans surprise, lorsqu’on les interroge sur ce qui pourrait les aider à mener à bien leurs projets Smart City, les communes wallonnes mettent en évidence le besoin d’obtenir davantage de soutien financier de la part de la Région wallonne, de l’Europe, etc. (76%), mais aussi de disposer d’outils pour former les membres de l’administration (71%).
Retour au débutDes formations précises
Une amélioration de la sensibilisation à cette problématique est aussi primordiale pour augmenter l’adhésion à ces projets : des programmes de formations continues sont mis sur pied par le Smart City Institute et sont destinés aux professionnels issus de tous les secteurs (public, privé ou encore académique...) engagés dans une réflexion de transition durable et intelligente ou désireux de l’être.
Par Vincent Liévin
Cet article est issu de la Revue W+B n°159.
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