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Ne pas être là où on l'attend, Elia Rose surprend !

Elia Rose © Mendori Production
Elia Rose © Mendori Production

Sortir un album ce n’est pas rien. Elia Rose, jeune artiste tournaisienne, annonce la couleur : elle aime ça ! Son album de dix titres "I Love it" est sorti le 1er mars et c’est déjà le tourbillon médiatique. La sincérité ça paye toujours.

Car sincère, cette artiste l’est assurément. La musique, elle est tombée dedans pas plus haute que trois pommes. Et de Trois Pommes… d’Orange, il est question. C’est comme cela que se nomme l’institution tournaisienne que tiennent ses parents  musiciens. A l’âge de 3 ans, elle monte sur la scène de ce piano bar et y donne tout naturellement ses premiers spectacles. Chanter c’est sa passion depuis toujours. Ayant pris goût à la scène familiale, elle participe à l’âge de 15 ans à l’émission « Pour la gloire », diffusée sur la RTBF, atteignant la finale avec une chanson de Vanessa Paradis. La suite, ce sera plusieurs groupes de cover et même un passage à The Voice Belgique en 2013. Dans la foulée, elle collabore avec Kid Noize sur son titre We Scream and We Fight.

« C’est vrai que je peux me définir comme autrice - compositrice - interprète. J’ai toujours voulu faire ça, témoigne Elia Rose. C’est un rêve devenu réalité que de proposer ma musique pop énergique avec un son très années 80. Avec le premier single, je n’ai pas eu beaucoup de chance puisqu’il est sorti juste avant le confinement. Mais j’ai pu rebondir et je suis fière de ce beau projet. Bien sûr, j’ai eu la chance d’avoir deux parents musiciens, ils avaient ce piano bar à Tournai, nous habitions juste au-dessus, ma mère chantait le soir, je l’entendais, j’ai eu l’occasion depuis toute jeune de faire des petits spectacles, ma mère devait même me freiner sinon c’était moi tous les soirs », ajoute Elia en riant.

Née sur le sol belge, d’un papa italien et d’une maman anglaise, Elia maîtrise parfaitement ces trois langues (avec le français). Ce qui n’est pas donné à tout qui veut se lancer dans une carrière musicale et c’est une corde de plus non négligeable.
 
« Depuis toujours je chante dans les trois langues, précise Elia. C’était une fierté pour mes parents. A la maison, on savait que chanter était un vrai métier et qu’il fallait bosser dur. Mes parents m’ont toujours soutenue dans la musique, pas poussée mais soutenue et je n’ai jamais vraiment eu d’autres envies que celle-là donc depuis que je suis toute jeune, ils ont su que je prendrais cette voie-là. Par contre, oser composer, c’est venu plus tard. J’ai eu toute une carrière avant, je chantais pour plein de projets différents, j’ai fait partie d’un tas de groupes de cover, de tous styles confondus, du jazz aussi. J’ai fait des événements, des voix de pub, j’utilise ma voix depuis longtemps ».
 
Même si l’envie de composer est là, profondément ancrée, Elia ne se sent pas prête, elle a besoin de recul pour savoir où aller vraiment, pour trouver son univers musical à elle. Ce sont des rencontres qui vont lui donner un petit coup de pouce. 
 
« Je ne savais pas qui j’étais musicalement. C’est lorsque j’ai rencontré mon compagnon, le guitariste Lorenzo Di Maio, à qui j’ai fait écouter mes premières compositions et qui m’a permis d’aller plus loin, que tout s’est emballé. Il m’a dit ok on va  prendre ça et tenter de le faire aboutir. Il y eut un autre ami soutenant, Cédric Raymond, multi instrumentiste, qui est aujourd’hui mon producteur. Lui aussi m’a donné confiance en moi et en ma musique ». 
 
Une confiance plus que nécessaire dans ce monde où les programmateurs radios tentent de vous faire prendre des chemins plus commerciaux. Il faut dire que les compositions d’Elia ont une identité forte et une sonorité très « années 80 ». Pas  étonnant quand on sait que les musiques qui tournaient en boucle dans le piano bar des parents étaient Michael Jackson et George Michael. Mais elle le déclare tout de go : « Je préfère vivre derrière mes convictions que de m’aligner à ce qui devrait plaire ».

Ce qui lui plait à elle, ce sont les sonorités anglo-saxonnes. Là où, encore une fois, ce que l’on attend d’une artiste francophone en programmation radio serait de la chanson française. 

« La plupart des artistes que j’écoute sont anglophones donc cette langue est arrivée tout naturellement. Même si je découvre actuellement toute une scène française, je ne suis pas encore prête à écrire dans ma langue. Mais tout est possible,  j’aime bien surprendre donc tout peut arriver », ajoute Elia.

Elia Rose revendique un côté kitsch sans connotation négative, sa proposition est plutôt de l’ordre du décalé. Elle veut se permettre d’oser. 

« Ma toute première compo, c’était Colors, très funky. C’est devenu mon premier single sorti en 2019, nous le jouons encore en live. C’était comme un miracle car c’est rare de garder une première compo. J’avais d’autres morceaux sur mon tout  premier EP mais il n’est jamais sorti. Cela constituera peut-être un collector, s’amuse-t-elle. Nous avons fait presser 200 vinyles, les couleurs y étaient plus jazz, plus acoustiques alors qu’aujourd’hui tout est plus ‘produit’ ».

Tout est produit avec précision et pourtant Elia fait tout en « home made ».
 
« Oui je suis en auto production, j’ai un petit studio dans lequel je fais mes chansons de A à Z, je fais musique et texte, je prépare les arrangements. Quand ça sort de chez moi, la direction est déjà plutôt claire. Ensuite mon producteur fait tout  groover, il sait jouer de tous les instruments, tout arranger, il est très doué musicalement. Quant à mon compagnon, il m’aide beaucoup dans les harmonies en composition puis amène des touches de guitare ». 
 
Elia Rose ne se laisse pas enfermer dans une case, un style unique. On tente de lui coller une identité artistique qu’elle refuse. Il est vrai que la première écoute peut être déroutante.

« Intrigante même disent certains, sourit Elia. C’est vrai que je donne à voir des choses derrière la première signification. Comme dans Criminal. Mes parents, comme je l’ai dit, adorent ce que je fais, ils me soutiennent depuis longtemps et cette chanson était une surprise pour eux, les voix à la fin du morceau sont celles de mon père et de mon frère. Terminer par une tarentelle à l’italienne un morceau comme Criminal peut surprendre mais cela me tenait à cœur. J’aime surtout combiner mon visuel avec la musique. Tant qu’on n’a pas vu le clip, on ne sait pas trop de quoi on parle dans la chanson. Clip et musique pour moi forment un tout. Quand je compose, je pars d’un délire et j’ai déjà une image en tête pour mon clip. Ensuite  en live, je me dis que ceux qui sont venus me voir connaissent mon univers, il n’y a pas besoin d’explication. Sauf peut-être cet été car je vais faire beaucoup de festivals et me produire devant un public qui ne me connaît pas forcément ». 

Si Elia Rose remercie sa bonne étoile et ne voudrait pas d’un autre métier, elle avoue redouter la pression de devoir produire. « Je suis dans une période épanouissante entre composition, projets de concert et sortie de cet EP mais je n’échappe pas  à cette angoisse de toujours produire plus, composer, sortir des titres. On se dit forcément ‘si je n’écris rien dans 6 mois, les gens vont m’oublier’. Mais si vous avez une équipe bienveillante, on peut vraiment travailler dans le respect de l’art sans  vouloir toujours plus. Je suis un parfait exemple que l’on peut réussir sans avoir eu un seul single qui cartonne en radio. Pourtant mon projet a eu une grande couverture presse et a pu s’imposer dans tous les festivals cet été. Et ça c’est très encourageant pour les artistes émergeants et indépendants. Il n’y a pas qu’une vérité. A force de travail et de persévérance, bien entouré, cela peut marcher ».

Elia Rose ne peut que souligner, comme beaucoup d’autres, la chance en Belgique de pouvoir bénéficier du statut d’artiste. Cela permet de se vouer entièrement à la création artistique sans devoir faire de petits boulots connexes pour gagner sa  croute. Elle félicite également les aides et subsides aux salles pour les concerts. A l’instar des tournées « Art et Vie » de la Fédération Wallonie-Bruxelles. Cette dernière aide la programmation de spectacles vivants dans les lieux culturels en  Wallonie et à Bruxelles en octroyant une subvention par représentation. Car la scène pour Elia est un moment fort.
 
« La scène c’est magique, j’adore cette énergie, on prend notre pied avec l’équipe et les musiciens, on bouge, on danse, on saute dans tous les sens, je ne reste jamais en place, on passe par plein d’émotions. Cet été est un été que j’attends depuis tellement longtemps, ajoute-t-elle. Je vais profiter de chaque moment lors des concerts et des festivals. Ensuite à la rentrée nous repartirons vers de nouveaux projets ».
 
Après ce premier album et un concert sold out au Botanique début mars, l’artiste belge que d’aucuns ont repérée depuis deux ans déjà, est bien partie pour inscrire son nom au sommet de l’aventure musicale belge aux côtés d’autres grands  comme Stromae, Angèle ou encore Pierre de Maere. Comme quoi, remettre au goût du jour un genre musical jugé rétro par certains peut s’avérer une belle réussite. I love it, parce qu’Elia aime la vie et croit en son bel avenir. Et parce que nous  aimons toutes ces émotions qu’elle nous offre dans ses chansons et lors de ses concerts.
 
Par Catherine Haxhe
 
Cette interview est tirée de la Revue W+B n°160.
 
Retrouvez également la rencontre avec Elia Rose dans le cadre de la campagne "Ecoutez-vous le Belge ?", initiée par Wallonie-Bruxelles International.
 

 

Dernière mise à jour
17.08.2023 - 10:05
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