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Soutenir le développement de la mode rwandaise par des collaborations Sud-Sud avec le Sénégal

27/08/2024
© APEFE

Objectif ? Soutenir le Rwanda dans son ambition de devenir un pays à revenu moyen par une croissance moyenne soutenue du PIB et une réduction accélérée de la pauvreté, notamment en tirant parti des compétences de la population rwandaise. Le tout donc en allant voir ce qui se fait au Sénégal, pays qui a déjà une longueur d’avance en la matière…

La vision 2020 du gouvernement rwandais et ses différentes stratégies liées au développement économique et à la réduction de la pauvreté cherchent à accélérer le progrès du Rwanda. Son ambition est de devenir un pays à revenu moyen par une croissance moyenne soutenue du PIB de 11,5% et une réduction accélérée de la pauvreté à moins de 30% de la population. Cet objectif sera atteint en tirant parti des compétences de la population rwandaise, notamment des jeunes.

On le sait, l’industrie rwandaise de la mode et de l’habillement a été considérée comme un moteur économique potentiel pour atteindre l’objectif national de devenir une nation à revenu intermédiaire supérieur d’ici 2035 et une nation à revenu supérieur d’ici 2050.

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Encourager les marchés locaux

Suite à l’interdiction des textiles importés, le gouvernement rwandais avait introduit la politique « Made in Rwanda » en 2015 pour encourager les marchés intérieurs locaux et les citoyens à acheter des produits fabriqués au Rwanda. « La politique ‘Made in Rwanda’ est une feuille de route visant à accroître la compétitivité en améliorant le marché intérieur du Rwanda par le développement de la chaîne de valeur de l’industrie de la mode et du vêtement », explique Sigrid De Meester, chargée de mission Rwanda au siège de l’APEFE (Association pour la Promotion de l’Education et de la Formation à l’Etranger). « La politique a défini cinq piliers qui pourraient aider à atteindre les objectifs de cette campagne. Ils consistent à comprendre les stratégies spécifiques au secteur, à diminuer le prix de la production, à améliorer la qualité, à promouvoir les liens en amont et à changer les mentalités », ajoute-t-elle.

Pour rappel, l’APEFE est active en formation technique et professionnelle depuis plus de 25 ans au Rwanda, ce qui lui donne une connaissance du contexte rwandais assez développée. « Elle appuie d’ailleurs la mise en œuvre d’un programme en formation duale depuis 2017 dans les métiers de la mode (couture, cuir) et a mis un focus sur l’insertion et l’entrepreneuriat des jeunes issus des filières techniques ». Ainsi, par exemple, entre 2017 et 2021, le programme APEFE a appuyé la couture et le cuir dans les centres TVET et à l’IPRC de Kigali par la fourniture d’équipements, des formations techniques ainsi que le développement des curricula couture.

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Différents partenaires

« L’APEFE travaille en partenariat avec MIFOTRA (Ministry of Public Service & Labour), RTB (Rwanda TVET Board) et RDB (Official Development Board). L’appui à RDB concerne les besoins de compétences sur le marché du travail. Le secteur privé, via les associations professionnelles, est également partie prenante du programme. Une relation de confiance a été établie entre l’APEFE et les différents intervenants et institutions ».

Pour répondre aux challenges de la chaîne de valeur, il faut miser sur le renforcement de capacités techniques et non techniques par la formation et le mentorat pour permettre l’amélioration de la qualité, de la durabilité et du patrimoine de l’industrie de la mode et de l’habillement au Rwanda. Ceci doit passer par la mise en œuvre systématique de normes de qualité et de durabilité pour les produits fabriqués au Rwanda, la fourniture d’une formation de qualité en misant sur des formateurs qualifiés, au sein d’institutions techniques et professionnelles et de l’enseignement supérieur (IPRC Kigali section fashion stylisme) et encore l’amélioration des compétences entrepreneuriales et en matière de gestion.

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Stratégie de transformation

Par ailleurs, la stratégie de transformation des secteurs du textile, de l’habillement et du cuir a souligné l’importance de disposer d’un Institut rwandais du design et de l’habillement, indispensable pour construire une masse critique de main-d’œuvre qualifiée dans les secteurs du textile, de l’habillement et du cuir qui soutiendra la production de produits de qualité et compétitifs pour l’industrie du vêtement au Rwanda.

C’est donc dans ce contexte qu’une délégation de 9 personnes est partie en mai au Sénégal, avec pour objectif l’échange d’expertises Sud-Sud entre le Rwanda et le Sénégal.

« Le but pour les membres du voyage d’étude est d’améliorer l’organisation de la chaîne de valeur de la mode au Rwanda en identifiant les opportunités grâce aux expériences et au savoir-faire sénégalais », ajoute Sigrid De Meester. « Le voyage d’étude vise à s’imprégner de l’expérience et du savoir-faire sénégalais dans le domaine de la mode, du textile, de l’appui à la chaîne de valeur et de l’art et créativité en général. C’est aussi une manière d’identifier des opportunités de collaboration Sud-Sud et d’apprendre de la manière dont leurs homologues au Sénégal sont organisés et soutiennent leurs membres. La mission permet aussi d’apporter des éléments d’informations pertinents afin de faciliter le développement d’une stratégie contextualisée pour améliorer la mode au Rwanda en coopération/cohérence avec les acteurs sénégalais et belges. C’est aussi l’occasion d’apprendre de l’expérience sénégalaise dans le domaine de l’entrepreneuriat lié au secteur de la mode. L’APEFE estime que le Rwanda peut apprendre d’autres pays d’Afrique qui ont misé sur l’industrie textile et la mode comme moteurs économiques. Ce voyage d’étude renforce non seulement les relations entre le Rwanda et le Sénégal, mais démontre également l’engagement de l’APEFE à promouvoir le partage des connaissances Sud-Sud. L’équipe visite la Direction de la Coopération Technique/Secrétariat Général du Gouvernement, la Délégation pour l’Entrepreneuriat Rapide des Femmes et des Jeunes, l’Institut de Coupe, de Couture et de Mode ainsi que l’École d’Enseignement Technique et Professionnel et l’écosystème très riche des créateurs sénégalais », ajoute-t-elle. « Cette mission vise à faciliter l’échange d’expériences entre les acteurs rwandais et sénégalais au profit non seulement des bénéficiaires du programme mais aussi de l’industrie de la mode rwandaise dans son ensemble. Elle cherche à identifier les opportunités de collaboration Sud-Sud et à renforcer l’initiative ‘Made in Rwanda’ ».

« L’idée étant que les participants de la mission puissent profiter de l’expérience sénégalaise dans le domaine de l’entrepreneuriat lié au secteur de la mode en vue de soumettre un rapport complet du voyage d’étude, y compris les leçons et les expériences apprises au Sénégal, tout en émettant des recommandations à prendre en compte lors du développement de la collaboration dans la chaîne de valeur de la mode au Rwanda », conclut Sigrid De Meester.

Par Laurence Briquet

Cet article est issu de la Revue W+B n°164.

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