La Culture foraine inscrite sur la liste du Patrimoine culturel immatériel de l’UNESCO
Ce 4 décembre le Comité intergouvernemental de sauvegarde du patrimoine culturel immatériel réuni au Paraguay a inscrit la Culture foraine sur la Liste du Patrimoine culturel immatériel.
Cette inscription, résultat d’une candidature belgo-française, représente la réussite d’une collaboration de près de 10 ans entre nos deux pays.
Riche de valeurs et de savoir-faire
Initialement un phénomène de cours royales, la culture foraine s’est véritablement développée dès la seconde moitié du XIXe siècle dans les régions industrielles d’Europe de l’Ouest, notamment dans le bassin regroupant la Wallonie, le nord de la France et la Flandre. Étroitement liée à notre histoire régionale commune et aux innovations technologiques qui ont marqué le XXe siècle, elle fait désormais partie intégrante de la vie quotidienne des habitants et des touristes.
La culture foraine incarne des valeurs à la fois profondément ancrées dans la tradition et résolument tournées vers l’avenir. Solidarité, convivialité et divertissement en sont les piliers. Ces valeurs rassemblent toutes les générations et participent activement à la dynamique sociale d’une région. De plus, les foires se tiennent souvent en marge d’autres événements festifs patrimoniaux tels que les carnavals, les ducasses ou les marches folkloriques. Elles s’inscrivent ainsi au cœur de la vie des villes et villages, en renforçant le tissu social et culturel local.
Le mode de vie itinérant des forains est une part essentielle de cet héritage. Cette mobilité favorise les échanges culturels et crée une solidarité au sein des familles foraines, où métiers et valeurs se transmettent de génération en génération. L'oralité joue ici un rôle clé, en permettant aux savoirs et aux traditions de se diffuser au sein des communautés.
La communauté foraine en Wallonie et à Bruxelles compte près de 850 entreprises familiales, réunissant 7.000 forains. Chaque année, environ 3 millions de visiteurs se rendent aux foires de Liège et du Midi à Bruxelles, soulignant ainsi l’importance de ces événements dans la vie sociale et culturelle de la Belgique francophone.
Un patrimoine qu’il faut protéger
La pandémie de Covid-19, la concurrence des loisirs modernes et l’éloignement progressif des forains des centres-villes constituent autant de menaces qui pèsent sur ce patrimoine vivant multiséculaire. Dans ce contexte, l’inscription de la culture foraine au patrimoine culturel immatériel de l’UNESCO témoigne d’une volonté forte de préserver et d’assurer sa pérennité.
Pour Monsieur Le Mailloux, avocat, faisant partie des personnes qui défendent le dossier en France :
“L’inscription au titre de la Convention de 2003 représente bien plus qu’une reconnaissance, elle est une promesse. La promesse que les manèges continueront de tourner, que les éclats de rire des enfants résonneront encore sous les chapiteaux, que la fête, ce fragile enchantement, continuera d’être un moment suspendu dans l’éternité. Nous faisons aujourd’hui la promesse de préserver ce patrimoine non comme un souvenir figé, mais comme une lumière vivante, capable d’éclairer de sa douce et singulière magie de nombreuses générations futures."
Le fruit d’une collaboration
Cette inscription est le fruit de près de 10 ans de collaboration, menée par la Région de Bruxelles-Capitale avec l’appui de l’ensemble des entités fédérées de Belgique, et de la France. Les ministères de la Culture et du Patrimoine des deux pays ont également joué un rôle-clé dans ce projet.
Des représentants des communautés foraines, des syndicats, le Musée des Arts Forains de Paris, des experts universitaires et muséaux, ainsi que des associations comme Le Petit Cheval de Bois en France et le Musée de la Foire et de la Mémoire à Saint-Ghislain en Belgique ont tous contribué à cette réussite collective.
Le patrimoine culturel immatériel belge à l’UNESCO
Cette nouvelle inscription vient enrichir la liste des patrimoines culturels immatériels belges inscrits sur la liste de l’UNESCO. La Fédération Wallonie-Bruxelles en comptait déjà huit :
Le Carnaval de Binche
Les Géants et Dragons processionnels de Belgique et de France
Les Marches de l’Entre-Sambre-et-Meuse
La sauvegarde de la culture du carillon : préservation, transmission, échange et sensibilisation
La culture de la bière en Belgique
La Fauconnerie, un patrimoine humain vivant
Les joutes sur échasses de Namur
L’irrigation traditionnelle : connaissance, technique et organisation
En parallèle de l’inscription de la culture foraine, ce Comité du Patrimoine immatériel de l’UNESCO est une riche édition pour la Fédération Wallonie-Bruxelles puisqu’un autre savoir-faire traditionnel s’ajoute à cette liste : “L’art de la construction en pierre sèche : savoir-faire et techniques”.
Ce dossier transnational regroupe la Croatie, Chypre, la France, la Grèce, l’Italie, la Slovénie, l’Espagne et la Suisse, qui se sont engagés collectivement à protéger cette pratique pour les générations futures. L’oralité est également au cœur de ce patrimoine vivant, transmis depuis des siècles dans nos régions. Avec l’arrivée de nouvelles méthodes de construction et de matériaux, ce savoir-faire est aujourd’hui en péril. L’inscription au registre du patrimoine culturel immatériel vise à en assurer la préservation.
Pour découvrir et plonger au cœur des fêtes foraines qui prennent place en Belgique, rendez-vous sur le site Visit Wallonia.