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Osaka 2025 - Cap sur le monde de demain

28/01/2025
Le futur Pavillon belge à l’Expo universelle d’Osaka 2025 © BelExpo © Carré 7 | Graphisme : Polygraph

C’est l’événement incontournable de 2025. Du 13 avril au 13 octobre, l’Exposition universelle d’Osaka réunira les nations autour des enjeux du développement durable et de l’innovation. Quel rôle pour la Belgique? Quelles solutions pour repenser l’avenir ? Comment atteindre les objectifs des Nations Unies d’ici 2030 ? Coup de projecteur sur ce laboratoire vivant.

« Concevoir la société du futur, imaginer notre vie de demain ». Voilà le thème qui a permis au Japon d’être retenu par le Bureau International des Expositions (BIE) pour l’édition de 2025. Une exposition universelle ambitieuse et pleine d’espoirs donc pour la planète, l’idée étant de permettre à 160 pays de présenter ses atouts pour un monde plus sain. Comment ? Via trois axes : sauver des vies, inspirer des vies et connecter des vies. La Belgique, elle, a choisi de s’investir dans la protection de la vie, afin de mettre en avant ses réalisations dans le domaine de la santé. Sacré défi pour Aboubacar Charkaoui, chef de service Asie-Pacifique à Wallonie-Bruxelles International (WBI) : « Participer à une exposition universelle est une expérience hyper intéressante, car cela permet de collaborer avec toutes les entités fédérées et le Fédéral pour présenter les avancées de la Belgique. Et puis, nous travaillons avec des opérateurs culturels, académiques, économiques. Nous regardons comment construire le pavillon, rédigeons le cahier des charges, voyons ce qu’il est possible de faire en terme de scénographie... C’est un projet de longue haleine ». 

Et ce n’est pas sa collègue Laurence Degoudenne, du Département Multilatéral et Service Culture de WBI, qui dira le contraire. Elle aussi fait partie du comité technique : « Le sous-thème ‘sauver des vies’, c’est l’occasion de trouver le moyen de raconter l’histoire du caractère innovant de nos entreprises belges, de nos importants investissements dans la recherche et le développement et les succès dans les domaines des soins de santé, de la biotechnologie, des produits pharmaceutiques, ainsi que de la santé publique et des conditions sociales et de travail. Il permet également d’aborder les thèmes communautaires, tels la recherche universitaire, les institutions scientifiques et la culture qui peut améliorer la vie ». 

Il faut dire qu’une exposition universelle est une occasion en or pour communiquer sur les avancées de chacun mais aussi pour voir venir de nouveaux clients et investisseurs pour les produits belges. Et ça, le commissaire général de BelExpo, qui coordonne la participation belge aux expositions universelles, Pieter De Crem, et son adjoint Aldwin Dekkers l’ont bien fait comprendre. La structure qui s’occupe du pavillon belge a en effet reçu presque dix millions d’euros de la Belgique. « Vu le contexte, c’est un effort considérable de nos Gouvernements et du Gouvernement fédéral, précise l’ancien ministre. Mais on vit dans un monde hyper compétitif ». Vingt-huit milions de visiteurs sont attendus à Osaka. La Belgique a tout intérêt à y briller sans retenue.

Ce qu'il faut savoir sur Osaka

  • L’île artificielle de Yumeshima (située à vingt minutes du centreville) a été choisie pour accueillir l’événement en raison de sa capacité à incarner l’innovation. En japonais, « Yume » signifie « rêve », un nom tout trouvé pour ce projet, où le Japon espère montrer la concrétisation de rêves d’un futur pérenne. Yumeshima a été conçue en effet comme un modèle de ville durable, en mettant l’accent sur l’efficacité énergétique, le recyclage des matériaux et la réduction de l’empreinte carbone. L’idée, après 2025, est d’en faire un hub économique et technologique pour la région du Kansai.
  • Le site de l’exposition couvre une surface d’environ 155 hectares, soit un peu plus du double du Bois de La Cambre.
  • Contrairement aux autres expositions universelles, celle-ci aura une dimension numérique très poussée, avec une expérience virtuelle qui permettra aux visiteurs qui ne peuvent pas se déplacer jusque-là de découvrir les pavillons et les activités en ligne.
  • Pour la première fois, il y aura un pavillon construit en partie grâce à l’impression 3D. L’occasion de démontrer comment cette technologie peut transformer l’architecture durable, avec une conception innovante et des matériaux recyclables.
  • En tant que pionnier de la robotique, le Japon prévoit d’installer des robots comme guides dans plusieurs zones de l’exposition, en accord avec le thème « renforcer et connecter des vies », pour faciliter les échanges et donner les informations nécessaires.
  • L’exposition posera une question simple : « Qu’est-ce qu’un mode de vie heureux ? » dans un contexte mondial des plus complexes. Aujourd’hui, de nouveaux défis sociaux émergent avec notamment des conflits et des écarts économiques croissants alors que parallèlement, les technologies scientifiques telles que l’IA et la biotechnologie évoluent, et entraînent des changements pour l’humanité.

L’interview de Cyril Rousseau, administrateur de l’Atelier d’Architecture CARRE 7, architecte heureux du futur pavillon belge

Cet architecte de 44 ans, Carolo d’origine et Louviérois d’adoption grâce à son épouse, a remporté le marché public lancé par BelExpo pour la conception du pavillon de la Belgique. Une opportunité qu’il n’aurait ratée pour rien au monde. L’architecte aime faire rayonner la Wallonie et la Belgique. En plus de l’Exposition universelle, il s’occupe aussi du nouveau stade de la RAAL et de la ZebrArena du Sporting de Charleroi. 

Que représente ce projet pour votre agence ? 

Depuis toujours, j’ai cette passion pour les expositions universelles. J’ai longtemps rêvé de concevoir un pavillon et bien sûr, dans mes rêves les plus fous, j’espérais que ce serait le pavillon belge. Mais, honnêtement, je pensais que ce moment viendrait peut-être en fin de carrière. Et puis, à un moment, je me suis rendu compte que cette envie pouvait se réaliser, mais pour cela, il fallait s’y préparer. J’ai alors commencé à m’entourer des meilleurs et à bâtir une équipe solide, capable de porter cette ambition. C’est un chemin de presque vingt ans : dix ans pour le comprendre et dix ans pour mettre en place tout ce qu’il fallait. Aujourd’hui, voir ce projet prendre forme est une grande satisfaction. 

Quelle a été votre réaction en apprenant que votre projet avait été retenu ? 

C’était une émotion très intense. Tout s’est enchaîné tellement vite qu’il m’arrive encore de me demander si ce n’est pas juste un rêve ! Mais c’est réel, et nous allons travailler jusqu’à la dernière minute, avant l’ouverture. 

Que pouvez-vous nous dire déjà sur le futur pavillon belge ? 

Le concept de notre pavillon est centré sur la Belgique à travers le thème de l’eau et des cellules. L’eau est un symbole universel, évoquant la vie, l’énergie, la technologie, le lien avec la nature, et même l’hygiène et la santé. Les cellules, elles, représentent le lien humain et la façon dont chaque individu contribue à façonner les villes de demain. L’idée est de montrer que la force de la Belgique réside dans ses liens sociaux, essentiels à notre survie collective. C’est d’autant plus vrai après les périodes de confinement, qui ont mis en lumière l’importance de ces liens. Et puis, l’eau a aussi une importance culturelle et historique pour la Belgique. Elle a joué un rôle central dans son développement et inspire de nombreux artistes belges. Elle nous relie également naturellement au Japon, et en particulier à Osaka, ville marquée par les voies fluviales. En plus, des technologies belges autour de l’eau seront mises en avant pendant l’exposition, renforçant ce lien entre nos deux pays. 

L’eau est-elle façonnable ? 

Concrètement, notre pavillon reflète ce thème, jusque dans sa structure. De l’extérieur, il représente l’eau sous ses trois états : solide, liquide et gazeux. Sa façade intègre ces trois éléments : un volume fermé à l’aspect iridescent pour représenter l’eau solide ; une rampe translucide pour l’eau liquide, avec le mouvement des visiteurs qui accentue cet effet ; et une structure gonflable, notre « nuage », flottant au-dessus du pavillon avec des brumisateurs pour symboliser l’état gazeux. À l’intérieur, on plongera dans une approche plus microscopique de l’eau et des cellules, une manière d’approfondir et de lire le thème sous un autre angle.

Comment le thème de l’expo « concevoir une société future pour nos vies » résonne-t-il en vous ? 

Cela m’évoque avant tout un futur ancré dans le collectif. Pour moi, c’est penser aux générations qui vont suivre, en mettant en avant des valeurs de coopération, de solidarité et de respect pour l’environnement. À travers le pavillon belge, j’ai voulu montrer que notre avenir se construit ensemble, en prenant soin les uns des autres et de notre planète.

Quid du pavillon belge ?

Ses dimensions sont à la mesure de son ambition pour « sauver des vies » : 1.000 m², trois étages en tout. De quoi pouvoir mettre en lumière tout ce que la Belgique a de meilleur en matière de soins de santé. La scénographie a été pensée comme suit : le Fédéral pour les vaccins, Bruxelles pour les prothèses médicales et la Wallonie pour montrer comment l’intelligence artificielle peut être un outil dans la médecine du futur. L’idée ici sera de sensibiliser le grand public à l’importance des jumeaux numériques pour la santé et de donner envie aux professionnels de s’y intéresser davantage. À cette fin, l’AWEX et WBI ont collaboré avec MedReSyst et TRAIL (Trusted AI Labs), une structure faite pour mobiliser les capacités de recherche et d’innovation des régions wallonne et bruxelloise au service de leur développement socio-économique dans le domaine de l’IA.

Les anecdotes utiles

  • La Reine Victoria inaugure la première Exposition universelle en 1851 à Londres. Cette année-là, 25 pays participent, ce qui donne au public la possibilité de découvrir des objets exotiques, notamment la soie de Chine.
  • La Belgique accueille l’Exposition universelle à six reprises, entre 1897 et 1958.
  • Tout comme la Tour Eiffel en 1889, l’Atomium ne devait pas survivre à l’Expo 58. C’est parce que la structure devient de plus en plus populaire que sa destruction est reportée d’année en année, jusqu’à ce que l’on y renonce.
  • En 1970, l’Exposition universelle d’Osaka propose aux visiteurs de tester pour la première fois des téléphones portables. Le « Dream Telephone », exposé par NTT (Nippon Telegraph and Telephone), permet de passer des appels via un réseau de radio à courte portée.
  • La mascotte de l’Expo 2025 est polymorphe et s’appelle Myaku-Myaku (qui signifie une chose transmise de génération en génération).

Cet article a été rédigé par Nadia Salmi pour la Revue W+B n°166.

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