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Revue W+B | Objectif "Paralympiques"

12/11/2024
Le Paralympic Team Belgium pour les Jeux Paralympiques de Paris 2024 © Paralympic Team Belgium

Les XVIIe Jeux Paralympiques d’été se sont tenus du 28 août au 8 septembre 2024 à Paris. Une première pour la Ville Lumière qui a accueilli 4.400 athlètes autour de 22 sports et 549 épreuves.*

C’était la dernière ligne droite. Le graal pour chaque pays qui participe et la Belgique, évidemment, espérait le décrocher. Le Paralympic Team Belgium avait fait savoir ses ambitions : faire mieux qu’à Tokyo en dépassant les 15 médailles. Pour y parvenir, pas de miracle espéré. Les critères de sélection des athlètes ont été placés sous le signe de l’excellence. Il faut dire que le succès profite à tout le monde. Un sportif mis en valeur devient une source d’inspiration pour la société. Et les valeurs paralympiques sont là pour le rappeler : détermination, égalité, inspiration, courage. 

De quoi expliquer l’engouement pour ces Jeux Olympiques et Paralympiques qui constituent le troisième plus grand événement sportif au monde, avec plus de deux millions de supporters dans les stades et quatre milliards de spectateurs. La moitié de la planète devant la télévision, ça donne forcément des frissons. « On est dans les starting-blocks au niveau sportif, confie l’attaché de presse du Paralympic Team Belgium, Guillaume Gobert. La délégation est connue, les objectifs sont clairs. Par contre, on n’est pas encore prêts au niveau de la Belgium House car on travaille avec les mêmes fournisseurs que les JO ». 

La Lotto Paralympic Belgium House, c’était le QG pour les membres du mouvement paralympique, les supporters, les partenaires et les médias. Elle était ouverte du 28 août au 7 septembre et se trouvait dans le Pavillon Elysée Té, un bâtiment historique conçu dans un style Art Nouveau par Albert Ballu à l’occasion de l’Exposition Universelle de 1900. A l’intérieur, les visiteurs ont pu profiter des diffusions en direct des prestations des para-athlètes sur grand écran, avec un paquet de frites ou de la bière, ou les deux. Il y avait aussi des rencontres, des célébrations de médailles avec les sportifs du Paralympic Team Belgium et puis du divertissement. La soirée de clôture fût animée par le DJ et compositeur électropop Kid Noize, dont le cachet a été payé par Wallonie-Bruxelles International (WBI). « Cette année, la subvention accordée par WBI au Belgian Comittee paralympique est de 30.000 euros, précise Isabelle Fontaine, référente pour le secteur du Sport au sein de WBI. La Délégation générale Wallonie-Bruxelles à Paris accueille aussi une conférence organisée par la Délégation Ministérielle à la Francophonie sportive ». Les thèmes de cette table ronde animée par Bruno Lalande : les classifications pour les para-athlètes, l’enjeu des Jeux de la Francophonie pour les parasportifs, les résultats de l’enquête de la Confédération Internationale Francophone du Sport Adapté et Culture (CIFSAC) sans oublier l’avenir de la langue française dans le parasport. Beaucoup de sujets donc autour du paralympique. Reste à profiter et vibrer grâce à ces sportifs d’exception.

L'histoire des Paralympiques

Le chemin a été long pour voir les personnes en situation de handicap participer à une compétition d’envergure internationale. Cinquante-deux ans après les premiers Jeux Olympiques modernes d’Athènes, des athlètes paraplégiques sont enfin mis à l’honneur. C’est à un neurologue allemand qu’on le doit. Le 29 juillet 1948, Sir Ludwig Gutt-man décide d’organiser sur le terrain de l’hôpital de Stoke Mandeville où il travaille les Jeux mondiaux des chaises roulantes et des amputés. Il est persuadé que le sport peut accélérer le rétablissement des vétérans de la Seconde Guerre mondiale blessés à la moelle épinière. A l’époque, beaucoup décèdent d’inactivité après quelques mois. Il leur faut un objectif. Un jeu de balle est intégré dans le processus de revalidation. C’est le début d’une nouvelle ère dans le milieu médical. Guttman a réussi son pari et bientôt, il va réaliser son rêve. En 1960, les premiers Jeux Paralympiques ont lieu à Rome et réunissent 400 athlètes de 23 pays.

Portraits croisés

Barbara Minneci, 55 ans, cavalière bruxelloise 

Elle débute l’équitation à l’âge de 15 ans et s’essaie à la compétition au niveau régional et national. En 1996 et 2004, elle suit des traitements contre un cancer qui lui laisse des séquelles. Elle perd l’usage de la jambe gauche et conserve quelques sensations dans la droite. Mais la passion du cheval reste intacte. Très vite, elle se remet en selle grâce à une petite jument de quatre ans prénommée Baba. Avec elle, elle participe à des concours dans les écuries puis, en 2009, à des sélections pour les internationaux. Le début d’une collaboration fructueuse aux Jeux de Londres et de Rio. Aujourd’hui, Baba est à la retraite mais Stuart a pris le relais. Après les Jeux de Tokyo, le tandem se prépare pour Paris.

Maxime Carabin, 23 ans, athlète liégeois**

Dans le parasport depuis trois ans, le jeune homme est devenu tétraplégique suite à un accident de handball. Pour se reconstruire, il décide de se fixer des objectifs. Il s’essaie à la natation, au triathlon, au handbike, puis au wheeler où il trouve enfin son épanouissement. Aujourd’hui, il est détenteur de plusieurs médailles d’or et records du  monde.

Quelle est votre plus grande fierté ? 

Barbara : Avoir pu participer quatre fois aux Paralympiques et avoir eu la chance de concourir avec deux chevaux formidables qui m’ont amenée jusque-là. Mon objectif, cette année, est de me retrouver dans les huit meilleurs pour pouvoir faire la finale qui est le freestyle, autrement dit l’épreuve en musique, mon point fort. Si j’y parviens, je serai contente. 

Maxime : Etre là où j’en suis, avec les personnes qui m’accompagnent, mon coach, le staff… Je suis fier de mon revirement de situation. C’est un gros boost au moral de se dire qu’on a réussi à rebondir après un accident.

Quel est votre état d’esprit actuel ? 

Barbara : C’est ma quatrième participation aux Paralympiques et je dois dire que c’est à chaque fois différent. Londres en 2012, c’était mes premiers jeux, donc c’était vraiment très particulier. Et puis, les stades étaient pleins, ce qui était exceptionnel car en général il y a peu de public sur les concours internationaux en handisport. Rio en 2016, il n’y avait pas beaucoup de monde car c’était cher pour les Brésiliens et c’était trop loin pour mon entourage. Tokyo en 2021, c’était spécial à cause du Covid. Il n’y avait pas de public. Donc là, je me réjouis de le retrouver à Paris. 

Maxime : Ce sont mes premiers Jeux donc c’est intenable, horrible. Ça va être très long de devoir attendre jusque-là. Les Paralympiques, c’est le but de tout sportif. Je sais pourquoi j’y vais. Je ne compte pas mettre dans mes armoires des médailles d’argent ou de bronze. Je veux l’or. Je suis un puriste, sans prétention.

Une compétition olympique peut-elle faire oublier le handicap ? 

Barbara : Je pense que c’est mon cheval qui a ce pouvoir. Quand je monte, j’oublie tout. Selon moi, la beauté du paradressage réside dans cette collaboration entre l’animal et le cavalier. Certains ont des handicaps assez lourds mais quand on voit la paire évoluer, on a tendance à ne plus y faire attention. On est vraiment hyper aidés par les chevaux. 

Maxime : Toutes les compétitions font oublier le handicap. Notre objectif, c’est d’être sur la ligne de départ et de dépasser cette ligne d’arrivée comme un valide va le faire. Alors, certes, je ne serai pas debout mais ça reste un objectif commun. Pour moi, il n’y a pas de gars en chaise ou sur pieds. On fait une course, peu importe la façon. C’est l’objectif qui compte.

*Cet article a été écrit avant le début des Jeux Paralympiques de Paris 2024.

**Depuis l’écriture de cet article, Maxime Carabin est devenu double champion paralympique du 100m et du 400m classe T52 ! Félicitations à lui !

Le saviez-vous ?

  • C’est la première fois que les Jeux Olympiques et Paralympiques partagent le même emblème. Derrière cette particularité parisienne, un message : « Le sport change les vies, qu’il s’agisse de sport pour les personnes valides ou de handisport ».
  • La meilleure année paralympique pour la Belgique reste 1984. Les sportifs ont remporté 57 médailles !
  • Le goalball et la boccia (sorte de pétanque) n’existent qu’aux Paralympiques.
  • Le nombre de pays participants est passé de 23 en 1960 à 182 cette année.
  • Les sourds et malentendants sont exclus des Jeux Paralympiques. En cause : ceux qui souffrent d’un capital auditif supérieur à 55 décibels peuvent concourir aux JO avec les valides. Les autres, sourds profonds, ont leur propre compétition internationale, les Deaflympics, créée en 1924.

Par Nadia Salmi

Cet article est issu de la Revue W+B n°165.